Les policiers bâtent le pavé. Jugeant leurs conditions de travail inacceptables, ils défilent ce samedi 16 septembre dans plusieurs villes de France. Ce qu'ils demandent ? "Un budget conséquent et des véhicules adaptés", explique Christophe Robert de l'association Union des policiers nationaux indépendants (UPNI) à RTL.fr.
Il dénonce une "vétusté" du matériel. Les forces de l'ordre transportent du matériel antiterroriste depuis fin 2016, et si, selon lui, "c'est très bien", "les véhicules ne sont pas adaptés pour la place que ça prend et le poids que ça pèse". Cette détérioration des équipements et des locaux a donné lieu à ce qu'il appelle un "jeu concours" pour élire le commissariat le plus délabré de France. Le "gagnant" est celui de Coulommiers, en Seine-et-Marne.
Un classement qui s'accompagne de photos et vidéos prises par des représentants de la loi qui mettent en évidence le matériel détérioré. Des voitures avec les portes qui se décrochent, des cafards qui courent sur les claviers d'ordinateur, des policiers en train de pousser leur fourgonnette... Les images sont éloquentes. Christophe Robert dénonce des locaux "insalubres" : "La base, c'est d'avoir des locaux salubres".
Le témoignage de Jess, administratrice de l'association des Femmes des forces de l'ordre en colère (FFOC), va dans le même sens. Interrogée par RTL.fr, elle raconte que certains CRS "dorment dans leur véhicule car il n'y a pas de logement correct".
Autre requête : la création d'états généraux de la sécurité (police, gendarmerie, justice, système pénitencier) dans son ensemble pour rassembler les difficultés et "faire un bilan complet des besoins" de chacun "pour qu'on puisse travailler". "Il ne faut pas de cailloux dans l'engrenage pour que la chaîne pénale fonctionne", explique Christophe Robert avant de réclamer "une table ronde avec des policiers de terrain".
Selon lui, ces derniers ne sont plus représentés par les différents syndicats de police. "On veut déjà être considérés par notre hiérarchie directe et que nos collègues de terrain soient reçus afin de pouvoir faire remonter les problèmes", insiste-t-il. Car, selon lui, ceux qui aujourd'hui prennent la parole ne sont plus en prise avec le terrain et ses réalités.
Les collègues sont démotivés
Christophe Robert de l'association Union des policiers nationaux indépendante (UPNI)
Et les conséquences de ces conditions de travail peuvent être sérieuses, surtout en période de menace terroriste au plus haut niveau, souligne Christophe Robert. "Le résultat, c'est que les collègues sont démotivés. Ça un impact sur le travail, automatiquement, et sur les citoyens. Sur l'efficacité de la police", résume-t-il. Si la situation n'évolue pas, "il va y avoir un problème", prévient Christophe Robert, peu rassurant.
Pour Jess, elle-même ancienne policière, il y a aussi un manque de soutien psychologique, notamment après les attentats, auprès des familles. "On n'est pas accompagnés si on a besoin de parler, alors que les enfants voient leur père partir sur des scènes dangereuses", raconte-t-elle.
Depuis les attentats du 13 novembre 2015, pour son deuxième fils, ils sont obligés "de vérifier devant lui que chaque porte est bien fermée, sinon il ne dort pas de la nuit", poursuit-elle. De leur côté, ces femmes en colère réclament "une justice plus ferme", "une protection juridique" et "une réelle reconnaissance par les citoyens".
Si les forces de l'ordre ne préfèrent s'avancer sur aucun chiffre, les manifestants "espèrent que la mobilisation sera conséquente".