De nouvelles manifestations de policiers ont eu lieu jeudi 20 octobre au soir tandis que François Hollande a promis de recevoir leurs représentants en début de semaine. Pendant ce temps, la classe politique continue de s'écharper, entre accusation de "mainmise" du Front national et passe d'armes entre Nicolas Sarkozy et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Vous voyez : les insultes en politique, ça commence à bien faire. Passe encore la bataille de chiffonniers, peu glorieuse. Nicolas Sarkozy explique qu'en 2015 il y avait (tenez-vous, bien les chiffres sont précis) 868 policiers et gendarmes de moins qu'à son époque. Bernard Cazeneuve lui répond qu'il a, lui, créé près de 6.500 emplois dans la police et que 2.500 étaient à venir.
Mais il y a la façon de s'exprimer. Lorsque Nicolas Sarkozy déclare : "J'ai entendu le ministre de l'Intérieur, enfin ce qui nous sert de ministre de l'Intérieur", c'est tellement grossier de la part d'un ancien président de la République. Il faut éviter ce genre de propos. Le climat ne s'y prête plus. Les politiques n'ont plus le droit de parler de manière triviale. Comme il faut éviter, parce que c'est tout aussi grossier, de dire comme Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS, que derrière les manifestations des policiers il y a la "patte" du FN. Le malaise est suffisamment fort pour ne pas en rajouter.
Est-ce donc faux de dire que le Front national est derrière ces manifestations ? Ce qui est faux, c'est de penser que la police serait une émanation du FN. Ce n'est pas parce qu'une grande partie des policiers vote FN que le parti de Marine Le Pen organise les cortèges à la nuit tombée. Les policiers votent FN parce qu'ils sont furieux, parce qu'ils sont à deux doigts du burn out. Parce que comme le dit un député, "1.300 balles pour mourir brûlé", il y a de quoi être à bout de nerf.
Ce qui est faux, c'est de penser que la police serait une émanation du FN
Alba Ventura
Le FN tente de tirer partie de la colère des policiers. Mais tenter de récupérer le malaise d'une corporation et avoir la mainmise sur un mouvement, ce n'est pas la même chose. Bien sûr que le Front national est très attentif à ce qui se passe chez les policiers. En témoigne le message de six minutes que Marine Le Pen leur a consacré sur les réseaux sociaux.
Les policiers étant plus classés à droite qu'à gauche, le FN n'a pas eu à trop secouer le cocotier pour les faire basculer, tant la déception vis-à-vis de Nicolas Sarkozy a été grande.
La dernière étude du Cevipof est éclairante : 56% des policiers ont l'intention de voter FN en 2017. Le vote FN dans la police s'est accru à partir de 2007. Plus généralement, le vote FN s'est accru dans la Fonction publique - la police, les profs, le personnel soignants, les agents d'accueil, etc. -, là où le contexte social est lourd, là où le service public a reculé. Ceux qui font les politiques publiques n'ont jamais mis les pieds à Grigny, la Grande-Borne, dans la banlieue ou autour des grandes villes.
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