Bernard Debré est inquiet. "Nous sommes le pays qui prescrit le
plus de médicaments. Nous avons trop d'antibiotiques, nous avons trop de traitements
psychotropes. L’hôpital est un très gros responsable. Pour deux raisons, parce
que les antibiotiques sont souvent initiés à l’hôpital et quand le malade sort
avec une ordonnance, le médecin qui le récupère poursuit l'ordonnance", assure-t-il.
Selon lui, "Il y a une mauvaise éducation des médecins
en règle générale au niveau de l'université. On prescrit depuis des
années les antibiotiques et d'autres médicaments. Trop d'examens, trop de
médicaments et c'est vrai qu'au niveau des arrêts maladie, il y a une petit
ambiguïté parce que quand on voit par exemple dans nos services, je ne veux pas
les critiquer les infirmières ou qui que ce soit qui dit : 'Tiens, ce weekend je
vais prendre mon arrêt maladie' ou : 'Quand est-ce que tu prends tes arrêts
maladie ?'". Il ajoute : "Je ne dis pas que ce sont tous les médecins généralistes, loin
s'en faut mais il y a quand même un petit problème".
Jean-Paul Hamon, lui, est révolté par le cas de Valérie Thierry. "Elle a été poursuivie
par la caisse d'assurance maladie pour soi-disant avoir prescrit trop d'arrêts
de travail." Elle raccroche sa plaque dans la Marne à 35 ans, peu après avoir
fini ses études. "C'est une femme qui faisait son travail correctement, qui
acceptait de recevoir les délégués d'assurance maladie qui l'informaient sur ses
prescriptions de génériques, d'arrêts de travail, d'antibiotiques et qui les
comparaient avec les collègues autour d'elle et qui ne voyaient aucune anomalie.
Et c'est pour ça qu'elle a reçu ça comme un coup de tonnerre quand elle a eu
cette lettre recommandée qui la menaçait de 6.500 euros d'amende parce que
soi-disant elle prescrivait trop d'arrêts de travail."
Selon le Docteur Hamon, "il faudrait que les directeurs de caisse comprennent
que le médecin libéral installé est une espèce en voie de disparition et que
dans les contrôles qu'on a eus, que ce soit Véronique Molaire dans le 78,
Isabelle Durant en Normandie ou Virginie Thierry dans la Marne, à chaque fois
c'était des médecins installés en zone sensible ou en zone démographiquement
faible. Leur activité a augmenté parce que des médecins partis n’étaient pas
remplacés." En effet, dans des déserts médicaux, par définition, ils ont
plus de clientèle et donc plus d'arrêts de travail". "En nombre il y a plus d'arrêts de travail et si vous faites une
règle de trois et que vous rapportez ça au nombre d'activités et que vous
comparez, vous avez un pourcentage identique et ça n'empêche pas les
contrôles" précise-t-il.
Pour Bernard Debré, le "problème, c'est les relations entre l'administration, le médecin généraliste et le médecin spécialiste. Cette relation est détestable. On a l'impression d'avoir des ennemis, au lieu d'avoir des conseils. A priori, on est ennemis mais, de l'autre coté, il faut faire attention parce qu'il y a des médecins qui prêtent le flanc". Pour Jean-Paul Hamon, ils sont de plus en plus nombreux à décrocher leur plaque. "Véronique Molaire s'est arrêtée et parce qu'on l'a soutenue elle a recommencé son travail mais je peux vous dire qu'elle était particulièrement mal après ces contrôles. Et on oublie que les médecins se suicident trois fois plus et que les députés ont voté le 13 août 2004, une loi votée par la droite qui donne tous les pouvoirs à la caisse d'assurance maladie".
"Il est nécessaire qu'il y ait des contrôles et d'ailleurs (...) depuis un certain temps, les prescriptions ont beaucoup diminuées. Mais il y a encore beaucoup d'efforts à faire", ajoute Bernard Debré. Les deux médecins dénonce un "problème relationnel". Pour Bernard Debré "les relations sont exécrables et d'ailleurs, c'est pour ça qu'à l'hôpital il n'y a plus personne. Il y a 35% de médecins étrangers qui viennent, et heureusement qu'ils sont là. C'est vrai qu'il n'y a plus de médecins qui s'installent. Il faut que les médecins se prennent eux-mêmes en charge, il faut qu'ils se disent 'oui il faut que nous fassions des efforts de prescription' mais qu'on arrête de venir nous taper sur la tête en permanence."
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