Jusqu'à maintenant, sans les traiter de "rats volants" (ça c'est vraiment si vous êtes allergiques), vous n'aviez sans doute pas énormément de considération pour les pigeons. Vous aviez tort ! Le pigeon arrive à détecter la pollution, tout seul. On a constaté qu'un pigeon, un jour pollution, vole plus vite. Plus l'air est pollué, plus le pigeon accélère. Des scientifiques, dont un Français du CNRS, ont utilisé les données d'amateurs de courses de pigeons voyageurs. Ils auraient pu faire appel à la Fédération française colombophile, qui organise le championnat de France de pigeons voyageurs. Mais ils sont allé en Chine, c'est plus pollué.
Les scientifiques ont étudié 415 vols de pigeons voyageurs. Au départ, ils voulaient vérifier que les volatiles ralentissaient leur course avec la pollution, comme le fait un marathonien derrière un pot d'échappement qui a moins d'oxygène. En fait, ils ont constaté le contraire. Quand l'air est considéré comme "dangereux pour l'homme", le pigeon passe de 56 kilomètres/heure de moyenne à 68 kilomètres/heure sur une course de 300 kilomètres d'environ cinq heures. Les scientifiques sont tombés de l'armoire.
Pourquoi le pigeon accélère-t-il ? Deux hypothèses sont évoquées. Soit il sent que la pollution est mauvaise pour lui, et il se dépêche. Soit le pigeon perçoit que ses sens sont altérés ; il se sent plus vulnérable face à ses prédateurs, il a peur et il rentre à la maison plus vite. En tout cas, le pigeon change de comportement, et ça c'est absolument fascinant. C'est la première fois qu'on met en évidence une perception d'effet nocif par un animal.
Mais alors, le pigeon est-il plus intelligent que nous les hommes ? "Oui, dans le sens où il fait un changement de comportement plus important que ce que nous faisons dans les mêmes conditions", répond Franck Courchamp, directeur de recherche au CNRS, qui a co-dirigé cette étude si surprenante. "Des animaux font tout leur possible pour ne pas rester dans des conditions néfastes pour la santé, alors que l'homme continue à sortir, voire même à faire son footing", poursuit-il. Si on nous avait dit qu'un jour les pigeons feraient la leçon aux l'homme...
À Airparif, les ingénieurs sont passionnés par cette étude publiée dans Nature. Pierre-Emmanuel Burg, par exemple, se demande du coup si les pigeons de Paris seraient capables de déceler des particules ultra-fines et de détecter la pollution avant ses capteurs. S'ils y arrivent, franchement ils nous cloueraient le bec.
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