En 2019, le Net va générer plus d'émission de carbone que le secteur aérien civil. Envoyer un e-mail ou surfer sur la Toile commence à avoir un coût sur l'environnement qui est de moins en moins négligeable. Quand vous appuyer sur le bouton "rechercher" de Google, vous polluez. Vous émettez l'équivalent de 5 et 7 grammes de CO2. Quand vous envoyez un e-mail, c'est pareil. Plus la pièce jointe du courriel est volumineuse, plus ça pollue. Le problème, c'est que vous n'êtes pas tout seul. Il y a les particuliers. Il y a les entreprises. Il y a les pays du Nord. Et il y a aussi, de plus en plus, les pays émergents. On estime que 2% des émissions de CO2 de la planète sont à imputer à l'activité numérique. C'était 1% il y a quinze ans. Ce sera 3 ou 4% dans quatre ans.
Se pose aussi le problème du stockage des e-mails. C'est ce qu'on appelle la "pollution dormante". Un message conservé dans votre boîte courrier fait tourner des serveurs en permanence. Gmail, Yahoo ou les autres scannent en permanence nos e-mails. Cela consomme énormément d'énergie. Le "big data" fait tourner cinq centrales nucléaires dans le monde.
On ne va pas non plus revenir au courrier postal. Le numérique nous a permis de dépolluer par ailleurs. Cela dit, l'Agence gouvernementale de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), nous recommande de limiter les envois d'e-mail groupés, d'envoyer des photos en basse résolution, de ne conserver que les emails nécessaires et de vider la corbeille. Il y a plus efficace : en luttant contre les spams, qui représentent neuf courriels sur 10.
Stéphane Petitbon, patron de la start-up française Newmanity, vient d'inventer une boîte e-mail écolo, sans spam et qui, surtout, fonctionne avec des serveurs verts. "Nous sommes hébergés en fait dans le seul et unique datacenter en Europe, situé aux Pays-Bas. Il est alimenté par des éoliennes, par de l’hydraulique", explique-t-il. "On propose d'héberger les messages et les mails de nos utilisateurs sur des serveurs zéro émission de carbone", ajoute-t-il. Les serveurs de Newmanity sont également fabriqués avec des composants recyclables.
La chaleur produite par les serveurs chauffe des bureaux. Pour l'instant, seuls 16.000 utilisateurs ont basculé leur messagerie chez Newmanity. Mais c'est un début. Surtout le début de prise de conscience, se réjouit le patron-militant Stéphane Petitbon.
Cela ne va pas être facile. Les géants du numérique ont, en effet, basé leur succès sur le big data (mégadonnées), sur la collecte de données qu'ils font tourner dans leurs serveurs en permanence. C'est leur "business model". La révolution numérique nous a fait croire que l'internet c'est "dématérialisé". Or non. Notre vie numérique ce sont des tuyaux, des matériaux, des métaux parfois en voie d'épuisement, des centres de big data qu'on doit refroidir.
Alain Anglade, ingénieur à l'Ademe où il est chargé des questions d'efficacité énergétique des technologies de l'information, s'inquiète par exemple de la multiplication des objets connectés. Les montres, les thermostats, la domotique, les capteurs qui suivent nos performances sportives : quel sera l'impact de ce secteur en pleine explosion sur notre consommation d'énergie dans dix ans ? Ce sont des questions qu'on peut se poser avant qu'on marche sur la tête.
Dernier exemple : regarder un film en streaming nécessite une connexion avec un serveur pendant les deux heures du visionnage. Cela vous descend votre batterie d'ordinateur. On a fait le calcul : fabriquer un DVD est moins polluant en émission de CO2.
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