Officiellement, la promotion de la candidature française se limitera, à Rio, à un stand avec une table tactile et deux écrans. Un stand de 20 mètres-carrés. C’est le maximum autorisé par le Comité international olympique (CIO), car les villes candidates n’ont pas le droit faire leur promotion à l’international avant février prochain, neuf mois avant le vote de désignation à Lima, au Pérou, en septembre 2017. En dehors de cet espace restreint au sein du Club France, installé au très chic Club hippique de Rio, le slogan "Paris 2024" ne doit pas être affiché. "Mais bon, mais bon", dit Denis Masseglia, le président du Comité national olympique français.
"Tout le monde est présent pendant les Jeux pour assister aux épreuves et avoir des moments de convivialité. Effectivement on aura des rencontres avec les membres du CIO. Bon, on ne va pas avoir une réticence à dire qu'on a envie que Paris accueille les JO en 2024", argue-t-il, évoquant "une question d'équilibre et de raison, comme nos amis américains, italiens et hongrois vont le faire aussi".
Denis Masseglia observera de près les trois autres candidates : Budapest, Rome et surtout Los Angeles. En dehors de ces 20 mètres carrés, le travail de lobbying de la France sera intense, sur les lieux des compétitions, dans les hôtels et les réceptions. Les "cibles" du lobbying sont les membres du CIO, ceux qui vont voter à Lima. Ils sont 90, dont 22 femmes. Le comité de candidature français a fait des fiches sur chacun d’entre eux. Des fiches ? Plutôt des dossiers, pour savoir ou appuyer pour faire basculer le vote.
Quels sont les intérêts, les besoins de tel votant ? Qu’est-ce que la France peut promettre en échange du vote de tel patron de fédération ? Un appui dans une instance internationale, ou pour un projet qui lui tient à cœur dans son pays. À Rio, le comité va donc coller aux membres du CIO et à leurs proches. Ce travail de "lobbying personnalisé" est déjà entamé. À chaque fois qu’un membre du CIO débarque à Paris, "on le sait", et on s’arrange pour que son séjour se passe bien.
Dans les stades de l’Euro ces dernières semaines, il y a eu des échanges avec des membres de la famille olympique qui ont peut-être été décisifs pour 2024. Ce qui sera déterminant, c’est aussi la fin du Championnat d'Europe de football. Une organisation sans incident jusqu'à la finale, c’est un argument majeur pour les lobbyistes de Paris 2024.
Les Français font du lobbying sans complexe. "Le tabou est vraiment tombé", observe Pim Verschuuren, chercheur à l'IRIS, spécialisé dans le sport. Les autorités sportives et politiques françaises ont pris la mesure des échecs passés. Notamment de la candidature pour 2012. On misera moins sur les discours des politiques, mais ça compte. François Hollande ira à Rio. Il présidera une conférence de presse avec Anne Hidalgo qui, elle, devrait passer quinze jours à Rio cet été avant d’y retourner pour les Jeux paralympiques en septembre.
En coulisses s’activeront notamment deux conseillers britanniques très influents qui avaient œuvré à la victoire de Londres et qui ont été embauché par le comité français. À Rio, les lobbyistes de Paris 2024 partent décrocher des médailles.
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