"J'ai choisi d'être sur le terrain, de subir la violence, l'horreur" : il a été photojournaliste de guerre pendant 40 ans

Pendant plus de 40 ans, Éric Bouvet a été photojournaliste de guerre. Il a notamment couvert de nombreux conflits pour l'agence Gamma, à partir de 1981, en Somalie ou encore au Soudan. Aujourd'hui âgé de 64 ans, il raconte son parcours au micro de Faustine Bollaert. Dès son plus jeune âge, Éric est fasciné par l'image et l'information. Un souvenir marquant de son enfance est celui de l'alunissage d'Apollo 11, qui a éveillé en lui un fort intérêt pour l'histoire en direct. "Je suis passionné, par la géopolitique et par l'histoire", explique-t-il. Cette passion l'a conduit sur les terrains les plus dangereux du monde, où il a documenté des événements majeurs, de la chute du mur de Berlin à la libération de Nelson Mandela et la guerre en Ukraine. "J'ai choisi d'être sur le terrain, de subir la violence, l'horreur", dit le sexagénaire.

Éric a donc passé sa vie à capturer des moments historiques à travers son objectif. "Les gens ne se rendent pas compte qu'aujourd'hui, on vit l'histoire contemporaine en direct : la crise des Gilets jaunes, la pandémie, la Covid. Cela va laisser une trace". Sa première photographie marquante est celle de la petite Omeyra Sanchez, prise en Colombie suite à l’éruption du volcan Nevado del Ruiz en 1985. Cette jeune fille de 13 ans coincée dans les décombres et décédée quelques jours plus tard. "Je suis arrivé devant cette enfant, et que j'ai vu qu'on ne pouvait pas la sortir et qu'elle allait mourir", raconte-t-il. Le cliché d'Omeyra a fait le tour du monde en mettant en lumière la souffrance et l'agonie des victimes de la catastrophe. Tout au long de sa carrière, Éric Bouvet a dû faire face à la violence de la guerre, en se censurant souvent pour préserver la dignité des personnes photographiées. Il admet avoir manqué des clichés par choix, regrettant parfois de ne pas avoir capturé certaines images.

En effet, photographier l'histoire a été le plus grand défi de sa carrière : les clichés sont des témoins de ce qu'il se passe à travers le monde. "Par exemple, quand les soldats américains sont arrivés dans les camps de concentration en 1945, s'ils n'avaient pas fait ces photos, parce que c'était des images horribles, (…) aujourd'hui on pourrait dire que ça n'a pas existé", explique-t-il. Aujourd'hui à la retraite, Éric Bouvet continue de s'investir dans des projets documentaires au long cours, cherchant à laisser une trace durable de son travail. Ses archives, désormais conservées par la médiathèque du patrimoine, témoignent de son engagement et de sa contribution à l'histoire contemporaine.

Héros, une émission diffusée du lundi au jeudi de 20h à 21h, sur RTL. Faustine Bollaert vous propose de rencontrer des femmes et des hommes ordinaires qui ont des parcours de vie extraordinaires. Des témoignages authentiques, surprenants, parfois émouvants.