Une quarantaine de boucliers sont alignés à la perfection. Les gendarmes mobiles forment un mur face à la place de la République : ils bloquent les entrées et les sorties, rue du Temple. "La mission, c'est que personne ne passe et que le cortège ne passe pas par là", explique l'adjudant-chef Guillemeau de Ligné. "C'est pour interdire qu'un cortège de manifestants puisse se diriger dans la rue que nous tenons".
Mais très vite, plusieurs vagues de "gilets jaunes" viennent rebondir, s'écraser sur les deux rideaux de boucliers. La pression est de plus en plus forte mais la ligne de boucliers reste parfaite. Les gendarmes résistent, notamment à l'aide de tirs de gaz lacrymogènes qui dispersent les manifestants. La place de la République disparaît dans un épais nuage de fumée. Pendant plus d'une heure, c'est une pluie de débris qui s'abat sur les gendarmes : des pierres, des bouteilles et objets en tous genres. C'est à ce moment-là qu'un petit groupe de gendarmes bondit et interpelle un "gilet jaune" isolé.
Au fil des samedis et des manifestations de "gilets jaunes", l'adjudant-chef le reconnaît : la stratégie des gendarmes a évolué : ils sont plus mobiles et vont un peu plus au contact. "On est obligés de s'adapter et de se séparer, mais toujours sous le même commandement de gendarmerie. Les 'gilets jaunes', c'est pas une manifestation comme les autres, il y a plein de petits groupes de 'gilets jaunes' à droite à gauche, et nous, on s'adapte toujours". Une stratégie payante. Par exemple, ce qui devait être la nuit des "gilets jaunes", samedi 26 janvier, s'est transformée en une courte soirée.
Depuis des semaines, les LBD (lanceurs de balles de défense) créent la polémique à cause des blessures graves aux visages. Le ministre Christophe Castaner voulait que tous les tireurs de LBD soient équipés de caméras piétons.
Mais l'escadron de gendarmerie n'était pas du tout équipé. Aucun tireur de cet escadron n'a reçu ces fameuses caméras piétons voulues par le ministre de l'Intérieur. Pour autant, les gendarmes assurent toujours tirer selon le cadre légal et en cas de légitime défense.
D'après le lieutenant Raboisson, la vidéo permettrait de comprendre comment un LBD finit parfois sur un œil ou sur le visage : "La vidéo permettra d'expliquer la situation, de voir la pression que subissait le servant de l'arme au moment où il a fait usage du LBD et de montrer que, si tant est qu'un tir soit dans une zone qui n'était pas la bonne, montrer que ce n'était pas volontaire. La personne peut se baisser, tomber, courir ; le servant de l'arme peut également lui-même être bousculé, chahuté. Tant qu'un humain tiendra l'arme, il n'y aura pas de risque zéro".
Derrière leurs épaisses visières, les traits se creusent de semaine en semaine. Certains gendarmes n'ont pas eu un seul jour de repos depuis le 27 décembre. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'en plus d'être mobilisés les samedis sur les manifestations "gilets jaunes", les semaines sont aussi très chargées.
"Depuis le début, nous avons fait les différents déplacements du président de la République, avec une mise en place bien avant et un départ bien après celui du président", détaille l'adjudant-chef. La fatigue est donc physique et mentale.
En avril, ces gendarmes seront en mission pour trois mois dans la jungle en Guyane. Mais avant cela, ils seront encore aujourd'hui sur le terrain pour la manifestations des "foulards rouges".
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