Nicole Boucheton, vice-présidente de l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) et atteinte d'un cancer en phase terminale, a "dû s'exiler en Suisse pour mourir dans la dignité". Dans un texte posthume, elle explique les raisons de son exil et regrette que François Hollande n'ait "toujours pas tenu sa promesse 21" sur "l'assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité".
Selon Jean-Luc Romero, président de l'association ADMD, elle a voulu envoyer "un message politique". "Elle a dû précipiter son départ puisqu'elle risquait d'avoir une occlusion intestinale. Elle était accompagnée de son mari, de sa sœur et d'une responsable de l'association".
"Elle a essayé d'aller jusqu'au bout en faisant une chimiothérapie et des rayons. Mais elle ne souhaitait pas se faire opérer et vivre avec un anus artificiel. Elle estimait que c'était dégradant et qu'elle n'avait pas envie de vivre le peu de temps qu'il lui restait ainsi", explique-t-il.
Elle a voulu montrer l'absurdité de s'exiler pour mourir
Jean-Luc Romero, président de l'association ADMD
Nicole Boucheton n'a pas demandé aux médecins français de l'aider à mourir "car elle savait que c'était illégal. C'est là où son combat individuel a rejoint son combat collectif. En rendant publique ceci par une lettre posthume, elle a voulu montrer l'absurdité de s'exiler pour mourir, comme à une époque où les femmes devaient fuir comme des parias pour se faire avorter", estime Jean-Luc Romero.
Le président de l'association ADMD explique avoir été "choqué de la décision de François Hollande de nommer Jean Léonetti, qui a échoué pendant dix ans sur la question de la fin de vie, sur un projet de loi sur ce sujet". "François Hollande a fait des promesses pendant la campagne présidentielle qu'il doit tenir. 90% des Français sont favorables à l'euthanasie. C'est la classe politique qui a un problème", ajoute-t-il.
Ouest-France aurait refusé de publier l'avis de décès de Nicole Boucheton, qui dans une lettre explique avoir été contrainte de partir en Suisse pour mourir dignement. Une décision "scandaleuse", pour Jean-luc Romero qui va "saisir le Défenseur des droits".