On dit que le monde va changer, mais est-ce que cela concerne aussi l'école et son univers dans l'enseignement ? Malheureusement, pas suffisamment.
Lorsqu'on regarde la structure des programmes aujourd'hui, on se rend compte qu'il y a eu peu de changements au fil des années. La vision conventionnelle de l'avenir est restée à peu près la même : la population va continuer à gentiment augmenter, tout comme la production de tout et n'importe quoi. Le monde va rester ce qu'on pourrait appeler continu, c'est-à-dire évoluer sans crise.
Malheureusement, c'est un écart de plus en plus important avec ce qu'on peut voir. Lorsqu'on consulte la littérature scientifique ou d'expertise qui concernent ce genre de sujets, on voit bien que le changement climatique, ou plutôt la dérive climatique, est susceptible de provoquer des bascules de temps en temps qui seront tout sauf continues.
Les zones d'influence sont en train de se déplacer, un peu comme dans la tectonique des plaques. Il y a des tensions qui sont en train de se mettre en place. Les visions du monde doivent un peu changer, mais cela se reflète malheureusement encore très peu dans les programmes. On sort des établissements d'enseignement pour l'essentiel, avec l'idée que le monde de demain va très fortement ressembler au monde d'hier. En réalité, il faudrait qu'il change du tout au tout.
Là où c'est probablement le plus facile de commencer à changer les programmes, c'est dans l'enseignement supérieur. À présent, 80% d'une classe d'âge atteint le bac, cela concerne donc beaucoup de gens.
Pourquoi est-ce que c'est plus simple ? Parce que c'est là que vous avez la plus grande proportion d'établissements qui ont la main sur leurs programmes. Tant qu'on est dans le secondaire, c'est un dispositif national qui résulte d'une concertation et qui est très long à changer.
Dans le secondaire, il y a également un nombre croissant d'enseignants qui essayent de faire des choses par eux mêmes pour disposer de supports, de contenus, de choses à dire, car ils ont vraiment envie, justement, de préparer les enfants à une vision un peu différente de la façon de s'y prendre avec les problèmes sur les bras. Si ce n'est pas l'école qui se charge de ça d'expliquer les choses, le problème, aujourd'hui, c'est qu'on va aller chercher la source d'informations ailleurs, et pas forcément au bon endroit.
Il faut savoir que dans les grandes impulsions fondamentales des animaux que nous sommes, il y en a une qui s'appelle accumuler de l'information. Cela renvoie à une époque où c'était très important. Lorsqu'on voyait une trace dans le sol, il fallait savoir si c'était une chose que l'on pouvait manger ou une chose qui allait nous manger.
Du reste, vous vivez de l'accumulation d'informations. C'est une pulsion forte chez les individus. Cela veut dire que si cette information qui nous intéresse, et qu'on ne la trouve pas à l'école, on va aller la chercher ailleurs.
Donc, on va aller la chercher auprès d'organismes qui, pour un certain nombre, n'ont pas des processus de sélection de l'information qu'ils vous enseignent, qui sont aussi rigoureux que ceux qu'on est en droit d'attendre des établissements d'enseignement. Il y a un danger pour la société à ce que les établissements d'enseignement n'évoluent pas rapidement pour expliquer les enjeux.
Pour expliquer les enjeux, les gens vont chercher à aller se renseigner ailleurs. Et là, ils pourront apprendre et retenir très longtemps, éventuellement, des choses qui sont des grosses bêtises.
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