Empreinte carbone : la décarbonisation peut-elle avoir un impact sur le monde du travail ? La réponse de Jean-Marc Jancovici

Pour avancer en matière écologique, le monde doit se décarboner. Jean-Marc Jancovici explique ce que cela peut changer dans la manière de travailler.

Image d'illustration d'employés de bureau en France.

Crédit : BERTRAND GUAY / AFP

ENVIRONNEMENT - La décarbonisation peut-elle avoir un impact sur le monde du travail ? Jean-Marc Jancovici répond

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Le monde se décarbone petit à petit, peut-être pas assez vite, mais cela peut avoir une grande répercussion sur le travail. Déjà parce qu’il y a quelques nouveaux emplois qui arrivent, comme installateurs de panneaux solaires, constructeurs d'éoliennes, etc. À part ça ? Difficile de voir un rapport car un monde qui se décarbone, c'est un monde où il y a toujours des gens dans des bureaux, des gens dans des usines, des gens dans des magasins.

Si on compare les emplois d'aujourd'hui, à ceux qui existaient il y a deux siècles, avant les combustibles fossiles, il n'y a que deux catégories : des emplois qui n'existaient pas et des emplois qui existaient déjà, mais qu'on fait d'une manière qui n'a strictement rien à voir. En effet, entre un agriculteur qui bine le champ avec un objet en bois et celui qui conduit son tracteur, ce n'est pas le même métier.

Un changement de société

De la même façon, il y a deux siècles, il n’y avait pas d’employé de bureau, d’animateur de radio, de conducteur de train, de bus ou de camion. La question qu'on peut se poser est donc : est-ce que, dans un monde qui se décarbone, la société va ressembler à ce qu'elle est aujourd'hui ? Et sinon, est-ce que ça ne veut pas dire que les métiers vont probablement aussi complètement changer ? Il y a des métiers qui vont être exercés de manière très différente et il y a des métiers qui vont apparaître.

Comment peut-on s’y préparer ? La préparation à l'emploi de demain s'appelle la formation continue. Ça s'appelle aussi un peu la formation initiale, mais ça s'appelle surtout la formation continue. Comme on a l'intention de transitionner en quelques dizaines d'années, on n'a pas le temps d'attendre que les gens qui sont actuellement en activité partent tous à la retraite pour être remplacés par des gens qui auraient suivi des formations initiales très différentes… qui, en plus, n'existent pas aujourd'hui.

Un énorme chantier

Il va y avoir un enjeu massif, celui de former les gens, de façon très large, à faire des métiers qui aujourd'hui existent peu, ou n'existent pas encore, et surtout devront être exercés d'une façon très différente. Par exemple, il faudrait que plus de monde sache installer des pompes à chaleur, entretenir des vélos, fabriquer des petits véhicules électriques. Il faudrait aussi beaucoup plus de monde dans l'agriculture, dans l'artisanat du bâtiment d'une façon générale.

Dans ce monde-là, probablement qu’on se rendra compte qu'on n'a peut-être pas besoin d'autant de gens dans des bureaux qu'aujourd'hui. Il y a aussi des reconversions à préparer parce qu'on ne s'improvise pas du jour au lendemain mécanicien quand on était employé dans un bureau.

Il y a donc un énorme chantier. Celui-ci est totalement sous-estimé par la puissance publique. Quand on parle d'avenir en matière de transition, on a tendance à parler d'objets techniques. On a tendance à parler de milliards. C'est très, très rare qu'on parle de gens et qu'on parle des métiers qu'on devra faire dans ce monde-là et de la façon de les changer.

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