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Effondrements rue d'Aubagne : Marseille toujours sous le choc, un an après

Il y a un an, huit personnes ont perdu la vie dans l'effondrement de deux immeubles aux 63 et 65 rue d'Aubagne à Marseille. Les évacuations d'immeubles en état de péril se poursuivent, et le choc reste entier.

Les gravats sont peu à peu chargés à bord de camions pour dégager la rue d'Aubagne
Les gravats sont peu à peu chargés à bord de camions pour dégager la rue d'Aubagne
Crédit : GERARD JULIEN / AFP
Effondrements rue d'Aubagne : Marseille toujours sous le choc, un an après
00:04:53
Effondrements rue d'Aubagne : Marseille toujours sous le choc, un an après
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Correspondants RTL en Région - édité par Paul Turban

C'était il y a tout juste un an à Marseille, aux numéros 63 et 65 de la rue d'Aubagne, en plein cœur du centre-ville. Sous les décombres de ces immeubles vétustes et pas entretenus, huit corps sans vie sont retrouvés, ceux de trois femmes et cinq hommes. Ce drame a fait éclater en pleine lumière la question des logements insalubres et dangereux de la cité phocéenne. Depuis, ce sont près de 350 immeubles qui ont été frappés d'arrêtés de péril dans toute la ville. Leurs habitants ont été évacués, soit 3.500 personnes.


Ce sont de véritables traumatismes que vivent les Marseillais, à commencer peut-être par ceux qui ont été témoins de l'écroulement des deux immeubles. Parmi eux, Marc, 73 ans, était bijoutier rue d'Aubagne. Ce lundi 5 novembre 2018, il est 9h05. Il vient d'ouvrir son magasin lorsque juste en face, les deux immeubles s'effondrent. Après s'être réfugié dans son atelier, il ressort et filme.

En visionnant les images un an après, tout remonte à la surface. "Mon alarme a sifflé, j'étais plein de poussière, vraiment je n'était pas bien, se souvient Marc. Choqué, j'avais le cœur qui battait la chamade. Je pensais que ça allait s'écrouler de partout. Le bruit que ça a fait, c'était un grand craquement. On aurait dit qu'il tombait une bombe."

Un traumatisme qui ne passe pas

Un an après, Marc n'est toujours pas sorti d'affaires. Il est suivi par une psychologue et prend chaque jour quatre pilules d'anti-dépresseurs. "Il me faut une activité, je ne peux pas rester à la maison, confie-t-il au micro de RTL. Cela fait un an que je suis à la maison. Je deviens fou. J'ai tout perdu et je ne sais plus comment faire. Ma vie s'est arrêtée le jour où l'immeuble s'est effondré. On ne sait absolument rien sur quand vont commencer les travaux pour lever le péril. En attendant, qu'est-ce qu'on fait ? On s'écroule."

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Ces cas de profondes dépressions sont légions parmi toutes les personnes qui ont été contraintes de quitter leur logement. D'autant plus que ces évacuations se sont faites la plupart du temps dans l'urgence, avec le risque que l'immeuble s'effondre à chaque instant.

Ces personnes sont ensuite confrontées à un véritable parcours du combattant. Elles sont relogées dans un premier temps dans des hôtels, puis dans des logements temporaires. Sur les plus de 3.500 personnes évacuées depuis un an, seules un millier ont réintégré leur logement d'origine. Les autres sont dans l'attente, et toujours dans l'incertitude la plus totale.

Un événement sans après

Ce traumatisme permanent est une des particularités de ces évacuations à Marseille. "Les gens n'arrivent pas à se projeter dans l'avenir, explique le docteur Flavie Derynck, responsable de la cellule d'urgence médico-psychologique. Ils sont privés de leur foyer, brutalement. Ils sont hébergés temporairement, et il n'y a jamais d'après. Le fait de ne pas pouvoir être dans l'après-traumatisme, c'est une particularité de cet événement."

La psychiatre évoque l'idée d'évacuation moins brutale. Il faut souvent quitter l'appartement dans l'instant, parfois s'en prendre la moindre affaire. Il faudrait organiser des déménagements urgents pour accompagner le traumatisme. "C'est vrai que si les gens étaient accompagnés dans un déménagement un peu urgent avec une meilleure maîtrise de ce qui arrive à leurs affaires, ça serait moins violent", explique le docteur Derynck.

Les enfants, victimes collatérales

On pense aussi à tous les jeunes victimes collatérales de ces bouleversements. Stéphanie et ses deux enfants de 6 et 8 ans ont été évacués en janvier dernier. Ils ont d'abord été ballottés d'hôtel en hôtel, quatre en tout. Ils sont aujourd'hui dans un appartement transitoire. Et le choc psychologique est bien réel. "Les enfants ne mangeaient plus, raconte Stéphanie. Limite, ils ne souriaient plus. Ma fille s'est mise à bégayer. Mon fils a fait des pipis au lit et des réveils nocturnes, jusqu'à maintenant."


Environ 600 personnes ont été suivies par cette cellule psychologique. Les associations estiment que c'est insuffisant, ce que reconnaît le docteur Flavie Derynck qui souligne la difficulté liée à l'éparpillement des relogés sur toute la ville. Pendant ce temps, les évacuations se poursuivent et les traumatismes qui vont avec. Chaque semaine, deux à trois immeubles sont frappés à Marseille d'un péril imminent, et leurs habitants contraints de quitter les lieux. Un an après, huit minutes de silence seront respectées à Marseille ce matin pour les huit victimes.

  • Les Marseillais rendent hommage aux victimes de l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne.
    Les Marseillais rendent hommage aux victimes de l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne.
    Crédits : Etienne Baudu/RTL
  • Les Marseillais rendent hommage aux victimes de l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne.
    Les Marseillais rendent hommage aux victimes de l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne.
    Crédits : Etienne Baudu/RTL
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