Des passantes ultra lookées dans des tenues de créateurs, des téléphones à chaque bout de bras, prêts à s'immortaliser en selfie instantané, une sécurité redoublée devant les grands hôtels de la capitale et une somme d'objectifs d'appareils photos au mètre carré qui dépasse probablement le contenu de votre compte en banque - livret A compris... Pas de doute, nous sommes bien en période de Fashion Week . Alors que les douze coups de midi sonnent devant le Palais de Tokyo à Paris, un petit monde s'agite en sous-sol. C'est ici que Aalto , marque finlandaise basée à Paris , a posé ses portants le temps de son défilé prêt-à-porter 2018 , mercredi 27 septembre. Lorsque nous pénétrons dans les coulisses, les mannequins à peine coiffés et maquillés, encore en tenues de ville, patientent en file indienne. La plupart en silence , téléphone à la main histoire de ne rien louper de leurs notifications sur les réseaux sociaux et de faire partager à leurs abonnés quelques bribes de l'événement. Coulisses calmes et silencieuses. Après avoir répété à plusieurs reprises le parcours du défilé, le compte à rebours est lancé : mannequins, maquilleuses, coiffeurs ou coiffeuses et autres petites mains ont une heure à peine pour enfiler les tenues et parfaire chaque pli de robes, ourlet de pantalon, ajuster les vestes et accessoires, et donner la touche finale de laque qui disciplinera n'importe quelle mèche de cheveux aussi rebelle soit-elle. Les mouvements sont rapides mais les sourires ne se font pas rares dans ces coulisses plus calmes et silencieuses qu'on ne l'aurait pensé. Celles qui sont prêtes à présenter leur tenue devant le parterre d’invités patientent en silence, posent avec plaisir pour la dizaine de photographes qui mitraillent à tout-va , et s'enferment parfois dans une invisible bulle de discussion en anglais, la langue par défaut dans cet événement qui rassemble plusieurs nationalités. Une collection pop, colorée et confortable. Treize heures largement passée, on chasse les photographes vers la salle où se déroulera dans quelques minutes le défilé. Tandis qu'ils s'attroupent en bout de parcours, on s'installe de notre côté au cœur du public . Il suffit de lever le nez de son carton expliquant la démarche du designer finlandais Tuomas Merikoski pour observer toute une palette de personnalités soigneusement habillées. Le spectacle a déjà commencé. On repère des journalistes mode de grands magazines, une blogueuse/youtubeuse/influenceuse au look sportswear . Elles ont toutes l'honneur de siéger au premier rang tandis que les bancs se remplissent. La collection After Nature peut enfin être dévoilée. Une fois que les mannequins dévalent à toute allure le "runaway", on arrive mieux à percevoir une vue d'ensemble de la collection : pop, colorée, confortable, graphique ou humoristique avec ses faux logos clamant le "girl power", la tolérance (des fleurs), la diversité ou l'égalité (virtuelle). "La mode peut changer les opinions des gens" -- Tuomas Merikoski, designer de Aalto. Une touche d'espoir critique sévit également dans la collection de Tuomas Merikoski. Le designer aime se poser les bonnes questions pour offrir au public une réflexion (simple mais pertinente) sur le monde dans lequel il évolue. "Souvent, je creuse des histoires venant d'envies intuitives", explique Tuomas Merikoski à Girls, une fois son événement terminé. "Je veux qu'il y ait un message et une valeur dans mes collections", ajoute le designer finlandais, dans un français parfait s'il vous plaît. Son message pour cette collection After Nature : le monde est en train de changer , de se digitaliser, et nous (celles et ceux qui travaillent dans le mode comme les personnes qui l'achète) ont un rôle à jouer dans ce changement. "Nous ne sommes pas les inventeurs, médecins et scientifiques mais la mode peut modifier les opinions des gens parce qu'elle possède une énorme visibilité", assure Tuomas, conscient qu'en terme d'écologie, sa maison n'est pas parfaite ("on ne peut pas tout faire, on n'a pas les moyens et tout le monde n'est pas prêt pour tout") mais fait au mieux, sans se prendre au sérieux : "Je n'essaie pas d'être trop dans l'intellectuel parce qu'à la fin, ce sont des produits que l'on vend", explique-t-il avec humilité. Reste à savoir si les clientes, une fois ces produits achetés, emportent avec elles les valeurs positives prônées par le designer.