Selon Alliance Contre le Tabac, plus de la moitié des établissements français contredisent la loi Évin depuis le déclenchement de l'état d'urgence. Pour dénoncer ce phénomène, deux plaintes ont été déposées la semaine dernière à Lyon contre le lycée Saint-Exupéry et contre le rectorat par une pneumologue. Trois recours sont aussi en train d'être constitués devant le tribunal administratif contre trois établissements d’Île de France par l'association Droit des Non-fumeurs.
Face au risque d'attentat et après des alertes à la bombe qui ont visé des lycées de la capitale en février, des proviseurs reconnaissaient avoir donné des autorisations de fumer dans la cour plutôt que sur les trottoirs par mesure de sécurité.
"Soit disant c'est l'état d'urgence. On empêche nos enfants de se faire tuer devant les lycées et on les laisse se faire tuer à petit feu à l'intérieur ? C'est impossible. Comment est-ce qu'on peut ne pas respecter la loi ? C'est incroyable", estime la pneumologue Corinne Depagne qui a déposé les deux plaintes à Lyon. Les associations anti-tabac s'insurgent aussi du non respect de la loi Évin. Elles réclament donc au ministère d'interdire formellement cette pratique tolérée depuis quelques mois.
Les chefs d'établissements continuent d'assumer leur position. "C'est irresponsable de laisser mes élèves sur le trottoir. C'est une question de prise de décision par rapport aux personnes qui sont sous ma responsabilité", estime notamment Pascal Charpentier, proviseur du lycée du parc à Lyon. Le syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale (SNPDEN) demande la mise en place de zones fumeurs tant qu'une menace terroriste pèse sur le pays. Cette disposition a été évoquée dans un décret publié par le ministère de l'Éducation nationale et de l'Intérieur, qui envisagerait toutefois des sanctions contre les établissements concernés. De son côté le ministère de la Santé a écrit aux chefs d'établissements afin de leur signifier que ceux-ci risquaient des sanctions s'ils laissaient les élèves fumer au sein des établissements.