À 96 ans, Bernard Duval n’a rien oublié de se qu’il a vécu. Entré en résistance à l’âge de 16 ans, cet habitant de Caen était chargé de surveiller les constructions fortifiées allemandes sur la cote normande. Mais un jour, il a été dénoncé, arrêté, torturé et déporté échappant à chaque fois de peu à la mort.
"J’ai été arrêté le 10 mars 1944 au domicile de mes parents, très tôt, à 5h du matin, devant ma mère qui ne savait rien de mes activités de résistant", nous dit-il. Arrêté par la Gestapo, Bernard Duval sera alors interrogé et torturé. "Mais je n’ai pas parlé, ce qui les a irrité. J’ai donc été conduit à la prison de Caen où ils m’ont dit que j’allais être fusillé", poursuit-il. Fort heureusement, Bernard Duval échappe au peloton d’exécution et est, le 20 mai suivant, envoyé au camp d’internement de Royallieu où le 4 juin, il monte dans un train pour une destination inconnue.
"Dans des wagons à bestiaux où nous étions plus de 100, sans boire, sans manger, beaucoup devenaient fous. Et puis en gare de Francfort-sur-le-Main et alors que notre convoi était sur une voie de garage, une locomotive est passée en sens inverse et dessus il y avait un travailleur français du STO qui nous a dit que le Débarquement venait d’avoir lieu. C’est comme ça que je l’ai appris", explique Bernard.
Après trois jours et demi de convoi, Bernard Duval est arrivé au camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg où il est resté un mois avant d’être transféré à Sachsenhausen. "Et là j’ai été affecté à la construction des chars allemands. J’y suis resté dix mois avant d’être libéré le 26 avril 1945 par l’Armée Rouge, sous une bagarre, les obus sifflaient, ça tirait de partout", dit-il. Avec d’autres déportés, Bernard Duval a ensuite décidé de rejoindre la frontière française à pied.
"Nous avons fait 140 kilomètres, à la boussole, jusqu’à Fischbach sur les bords de l’Elbe où nous avons été accueillis par les armées américaines, anglaises et canadiennes. De là, nous avons pris un train jusqu’à Nancy où c’est là, au bout de neuf jours, qu’on a eu notre première identité, notre carte de rapatrié", ajoute-t-il. Après avoir rejoint Paris, Bernard Duval est rentré en Normandie neuf mois après que la région a été libérée. "Le retour ça n’a pas été ce qu’on espérait. Plus personne ne voulait parler de la guerre c’est pourquoi, nous les déportés, nous nous sommes introvertis".
"Nous avons été longtemps sans parler de cet épisode qu’on avait vécu. Moi j’ai attendu la retraite pour raconter mon histoire auprès de la jeune génération, la génération de nos petits-enfants. C’était libérateur et en même temps, cela faisait suite à une promesse tenue à tous ceux qui savaient qu’ils n’allaient pas revenir et qui nous disait qu'on avait de la chance de rentrer", raconte Bernard.
Décoré en septembre 2019 de la Croix d'Officier dans l'Ordre national de la Légion d'honneur, Bernard Duval vit aujourd’hui à Caen, avec Jeannine qu’il a épousé le 31 juillet 1948 et dès que les conditions sanitaires le permettront, il retournera témoigner dans les écoles.
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