La Covid-19 a eu raison de ses Margherita. Après deux mois et demi de fermeture forcée, Cyril, 39 ans,
va devoir placer sa pizzeria en liquidation judiciaire à la rentrée et
licencier ses dix salariés. "Du jour au lendemain, on nous dit 'vous fermez'. Qu’est-ce qu’on va dire aux salariés ?
Mentalement, moralement, physiquement, on n’est pas bien, on paye les frais
d’une situation que l’on ne peut pas maîtriser. On a une grosse boule à
l’estomac, ça joue sur la santé. Cette situation, personne ne l’avait vu venir.
Certains entrepreneurs se demandent comment subvenir aux besoins de leur
famille, d’autres pensent au suicide. Il faut absolument se projeter rapidement
dans un autre projet, sinon les conséquences peuvent être dramatiques", témoigne-t-il.
Alors que les salariés qui
perdent leur travail peuvent s’appuyer sur un conseiller pôle emploi et surtout
les indemnités de salaire qui leur sont versées, il n’existe aucun dispositif
similaire pour les entrepreneurs. Angoisse, isolement, honte s’ajoutent à la
précarité financière. C'est le combat de l’association "60.000
rebonds" qui aide 700 chefs d’entreprise en difficulté par an.
Stéphanie
Dommartin est la Présidente de la section dans le Sud : "Quand ils
arrivent, ils sont déjà épuisés, car ils viennent de passer des mois à tenter
de relever par tous les moyens leur entreprise. Qu’est-ce que j’aurai pu
faire ? Comment j’aurai pu faire différemment ? Ces questions les
taraudent. Avec l’aide de coachs et de parrains dans l’économie locale, on
échange, on commence par travailler le regard sur soi : rappeler les
réussites passées, reconnecter l’entrepreneur à ses succès. Faire digérer la
colère, puis la tristesse, car accepter de déposer le bilan, c’est difficile.
Et enfin, porter le regard vers l’avenir, réfléchir à un nouveau projet
professionnel, qu’il soit salarial ou indépendant".
L’objectif est d’éviter ce
que les acteurs économiques nomment "les 3 D" : dépôt de
bilan, divorce, dépression. "Redonner l’envie à quelqu’un qui génère de
la richesse, des emplois également", souligne Stéphanie Dommartin,
elle-même coach en entreprise.
En France, contrairement
aux pays anglosaxons, la liquidation judiciaire reste perçue comme un échec
quasi-indélébile. Notre restaurateur, pourtant combatif, abonde : "Je vais être marqué au fer rouge par la Banque de France, donc si
j’arrive demain avec un nouveau projet : le banquier va regarder ma
situation et ça va s’arrêter au bout de 5 minutes. Il va me dire : 'actuellement
on ne peut pas vous prêter d’argent car il y a eu un échec'. Pour se relancer, ça
va être très compliqué".
C’est le deuxième volet de
l’activité de "60.000 rebonds" : modifier le regard des
conseillers bancaires qu’ils puissent accorder une nouvelle chance à ces
entrepreneurs. Après la baisse des aides de l’Etat spécifiques au coronavirus dans les prochaines semaines, l’association s’attend à une augmentation très
importante du nombre de liquidations judiciaires à la rentrée.
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