C'est du jamais vu. Et c'est un excellent baromètre de la
nature de la crise qui nous frappe car c'est le gel de l'embauche des cadres donc
le gel de ceux qui sont censés apporter de l'énergie, du dynamisme, de la
valeur ajoutée. Ce gel pointe du doigt les secteurs réellement impactés :
industrie, construction, commerce.
On parle d'une chute qui risque d'aller jusqu'à -40%, moins de
200.000 recrutements alors qu'on frôlait les 300.000 l'an dernier.
On n'a jamais atteint un tel niveau lors des
précédentes crises. Ni en 2013 au moment de Fukushima et de la crise des
dettes des États, ni en 2008 avec les subprimes, ni en 2002 avec l'explosion de
la bulle internet, ni pendant la guerre du Golfe. Et c'est un véritable traumatisme pour la population des cadres car c'est un secteur qui était jusqu'ici en "plein emploi" qui ne
connaissait pas le chômage avec un taux à 4-5% et qui, globalement, ne
connaissait pas les crises. C'est ce qui rend le coronavirus très atypique et ce
qui peut compliquer le rebond.
La situation des cadres se normalise par rapport aux courbes du chômage. Cela touche les jeunes qui n'arrivent pas à entrer sur le marché du travail parce que l'activité est à l'arrêt mais aussi parce que ces postes de cadres sont souvent des emplois en télétravail et on sait que c'est difficile de prendre un poste de management en distanciel.
Et puis, ça touche les seniors qui étaient parfois les
"empereurs des entreprises" comme les ingénieurs. Ceux-là ont
traversé les précédentes crises sans encombres... sans s'inquiéter. Mais il se trouve que cette crise survient aussi à un moment de
bascule technologique et un certain nombre de cadres quinquagénaires sont poussés vers la sortie car ils ne travaillent pas sur les technologies du
futur.
Les ingénieurs motoristes du technicentre de Renault qui
travaillent sur les moteurs diesel, par exemple ou encore les ingénieurs ou
techniciens supérieurs de l'aéronautique qui n'ont aucune perspective d'ici 4
ans. Et c'est cruel car ils n'ont pas démérité mais le robinet des commandes
est fermé et l'avion du futur nous projette en 2035, un peu trop loin pour eux.
Si, il y a toujours une tension car on
recherche toujours les mêmes profils dans l'informatique, la recherche
pharmaceutique par exemple. Et dans ce cas, il y a une grosse compétition pour
attirer ces talents. Simplement, il y a moins d'offre globalement.
C'est comme dans l'immobilier à Paris. Vous n'avez plus 10 candidats pour un appartement mais 5 pour 1 et encore beaucoup de monde sur les biens les plus accessibles. En fait, c'est la chute de l'embauche.
Les repreneurs vont défendre leurs projets aujourd'hui au tribunal
de commerce de Paris. On retrouve le concurrent Biocoop, Carrefour ou la
famille Zouari qui possède les surgelés Picard qui ont promis de reprendre
l'essentiel du millier de salariés. Le tribunal rendra sa décision dans quelques jours.
Elle revient ! Elle a été très à la mode, il y a une dizaine d'années lors de la précédente crise et cette fois, c'est l'ambiance confinement qui booste les ventes : +75% depuis le début de l'année. Et la yaourtière aussi enregistre un bond de 60%. C'est évidemment le triomphe du "fait maison" qui s'est imposé dans les familles avec le confinement.