"La question posée dans ce baromètre depuis quasiment vingt ans, c’est : 'Est-ce que vous pensez que les choses se sont passées comme on vous les a racontées ?' Moi je trouve ça plutôt rassurant que des gens pensent que non", lance Guillemette Faure. "Après tout, ils ont raison. C’est signe que le métier de journaliste a été démystifié, si on se rend compte que c’est un métier artisanal fait par des êtres humains, qu’un journaliste qui débarque quelque part risque de se fourvoyer", poursuit-elle. La journaliste propose de prendre la question à l’envers : "Est-ce qu’il faut regretter l’époque où les gens croyaient ce qu’ils voyaient ou entendaient dans les médias ?". Sa réponse : "Pas forcément".
"Aujourd'hui si on doute, c’est parce qu’on a de plus en plus de moyens de recouper des informations qu’autrefois et plus de possibilités de contester la version d’un événement", décrypte-t-elle. Ainsi "quand on apprend que l’assaut de Saint-Denis ne s’est pas passé comme on nous l’a initialement raconté, c’est aussi grâce aux médias, parce que de nouvelles informations ont été révélées".
La défiance peut aller loin, avec le développement des théories du complot. "Bien sûr ce n’est pas plus malin de penser que tout est faux que de tout gober", avertit Guillemette Faure, qui se dit "frappée par une étude qui montre que les gens croient plus ce qu’ils lisent sur Google News que sur les sites d’information des médias". Selon elle, "bien plus que sur la crédibilité des médias, ces enquêtes nous renseignent sur la relation du grand public aux journalistes, cette profession qu’on adore détester".
"La preuve que tout ceci est très émotionnel, c’est que l’an dernier, la crédibilité des médias était de huit points plus élevée qu'aujourd'hui", note-t-elle. "Le sondage avait été conduit en janvier. La rédaction de Charlie Hebdo venait d’être abattue. Touchés chez eux, les médias soudain gagnaient en crédibilité", conclut-elle.