Chikungunya : "épidémie majeure" aux Antilles selon Marisol Touraine
Alors que la saison des pluies qui démarre pourrait bien aggraver la situation, la ministre de la Santé Marisol Touraine a qualifié "d'épidémie majeure" le chikungunya, qui se propage depuis décembre aux Antilles.

Pour Marisol Touraine, l'avancée du chikungunya aux Antilles depuis le mois de décembre représente une "épidémie majeure". C'est en ces termes que la ministre de la Santé s'est exprimée jeudi, alors que la saison des pluies débutante pourrait aggraver la situation.
Avec "5.000 nouveaux cas par semaine", l'épidémie ne faiblit pas et justifie donc son déplacement de trois jours la semaine prochaine en Guadeloupe et en Martinique pour marquer "la mobilisation du gouvernement et encourager celle de tous", acteurs sanitaires et population.
(La maladie a déjà) provoqué indirectement 33 décès chez les personnes âgées fragilisées, touché près de 100.000 personnes et donné lieu à 1.000 hospitalisations dans les départements français d'Amérique.
Marisol Touraine
"On observe depuis deux ou trois semaines à une stabilisation qui se situe entre 2.500 et 3.000 nouveaux cas en Martinique et entre 5.000 et 5.500 en Guadeloupe. On est donc à un peu plus de 100.000 personnes qui ont consulté un medecin pour le chikungunya, soit environ 13,5% de la population antillaise", a indiqué une responsable de la cellule de l'Institut national de veille sanitaire (InVS) en région Antilles-Guyane.
Le chikungunya, comme la dengue également véhiculée par les piqûres de moustique, se caractérise par de fortes fièvres et des douleurs articulaires parfois violentes, qui ont valu à ce mal l'appellation de "maladie de l'homme courbé". Le "chik" peut être fatal pour les personnes affaiblies mais est le plus souvent bénin. Il n'existe pas de remède spécifique, mais une fois qu'on a eu le chik, on est ensuite immunisé.
Risque de contagion en métropole
"L'épidémie qui sévit aux Antilles et en Guyane est un enjeu majeur de santé publique", a souligné la ministre. En effet, les grandes vacances scolaires signifient un afflux de quelque 400.000 personnes dans les Antilles-Guyane, majoritairement des ultramarins vivant en métropole qui viennent passer les congés en famille.
Une des craintes des autorités est donc que certains de ces voyageurs ne reviennent porteurs du virus alors que la métropole connaît une progression du moustique tigre, vecteur de cette maladie. 47 cas de chik et 15 de dengue ont déjà été recensés depuis mai en métropole, dans les seuls 18 départements infectés par le moustique tigre. Ils provenaient "à 95% de personnes revenant des Antilles", selon l'InVS.
La saison des pluies : facteur aggravant
Dans le même temps, les îles de la Caraïbe entrent dans la saison des pluies, propice à la reproduction du moustique vecteur et qui "fait craindre une augmentation du nombre de cas".
"La clé est de faire en sorte qu'il n'y ait pas d'eau stagnante pour que les moustiques ne prolifèrent pas, qu'on se protège avec des répulsifs et des moustiquaires pour éviter une diffusion de cette maladie qui fatigue beaucoup, est très pénalisante", a déclaré la ministre.
La prévention
Les habitants sont invités, par des spots télévisés et radiophoniques, à vider tous les récipients qui pourraient faire office de gîte larvaire (coupelles, pots de fleurs, bacs dans les jardins, etc.), quand on sait qu'une femelle pond environ 300 oeufs tous les 4 jours.
Des renforts de la Sécurité civile (seize militaires et pompiers) sont arrivés mercredi soir en Guadeloupe et d'autres sont attendus en Martinique. Ils doivent notamment explorer et éliminer les flaques d'eau résiduelle situées sur les toits.
Une grave épidémie de chikungunya a déjà frappé La Réunion il y a une dizaine d'années : entre décembre 2005 et décembre 2006, 266.000 personnes (soit environ 30% de la population) avaient été contaminées par le virus et 250 en étaient mortes.
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