Charlie Hebdo : 10 ans après l'attentat, comment sont protégés les journalistes ?

Dix ans après l'attentat djihadiste contre Charlie Hebdo, l'envie de rire "ne disparaîtra jamais", assure le journal. Dans un numéro spécial à paraître ce 7 janvier, le média s'attache notamment à rire de Dieu à travers 40 caricatures choisies parmi des centaines. Dans cette volonté de ne pas se laisser intimider, on peut se demander comment sont protégés aujourd'hui les journalistes de Charlie Hebdo en 2025 ?

Il faut savoir que c'est dans un lieu surprotégé que l'équipe construit les pages des numéros, à une adresse tenue totalement confidentielle. D'après une source proche de Charlie Hebdo, les locaux de la rédaction sont installés dans un bâtiment placé sous haute sécurité. 

Pour y entrer, il faut passer par plusieurs sas, les portes sont blindées et aucune fenêtre ne donne sur la rue. Également, une panic-room a été créée, il s'agit d'une salle sécurisée et fortifiée, servant de cachette où les journalistes peuvent se réfugier en cas d'attaque, toujours selon cette même source.

Toute personne étrangère à Charlie Hebdo ne peut entrer dans les locaux, c'est-à-dire que toutes les interviews se font à l'extérieur, loin des locaux de l'hebdomadaire satirique. Plusieurs employés sont par ailleurs escortés dans leurs déplacements quotidiens.

Une protection 24h/24 et 7j/7

Cela concerne notamment au moins une dizaine de journalistes présents en 2015 lors des attentats perpétrés par les frères Kouachi. Entre deux et six officiers de sécurité accompagnent les membres historiques de Charlie Hebdo, dans un service de protection 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 depuis 10 ans. Il s'agit d'une décision prise directement par le ministre de l'Intérieur.

Triés et sélectionnés, les gardes du corps sont des fonctionnaires de très haut niveau, ils ont le même engagement que les forces du RAID ou de la BRI. Ils sont d'ailleurs tous astreints à des règles de confidentialité. Malgré tout, Coline Renault, une jeune journaliste travaillant pour Charlie Hebdo, s'est confiée à RTL.

Depuis deux ans, elle officie avec son propre nom, sans pseudonymes. Elle dit vouloir assumer pour qui elle travaille, pour Charlie Hebdo, un journal satirique qui dénonce les dogmes religieux, politiques, qui luttent contre les extrémismes. Travailler à Charlie Hebdo demande quelques ajustements, explique-t-elle. Il y a notamment l'interdiction de communiquer l'adresse exacte de sa rédaction, que ce soit au taxi qu'elle commande ou même à ses proches. Selon la reporter, "il faut être vigilant, mais la liberté de ton, de choix des sujets, la façon de les traiter l'emporte de loin sur les conditions de travail et de sécurité".