Burkini : "Si les maires n'abrogent pas leurs arrêtés, nous entamerons des poursuites", promet la Ligue des droits de l'Homme
INVITÉ RTL - Michel Tubiana, président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme, n'entend pas rester les bras ballants face au refus des maires d'annuler leurs arrêtés.

Vendredi 26 août, le Conseil d'État a invalidé l'arrêté dit anti-burkini pris par Lionnel Luca, le maire Les Républicains de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes). Michel Tubiana, président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme, est satisfait de cette décision. "Le Conseil a bien jugé. Il a rappelé que les maires ne détenaient pas des pouvoirs qui leur permettaient de faire tout et n'importe quoi. Mais que notamment ils devaient respecter la liberté de conscience, la liberté d'aller et venir et la liberté personnelle. Ce sont les trois libertés qui sont visées explicitement dans la décision du Conseil d'État. C'est une décision qui revient sur le jugement très politique rendue par le tribunal administratif de Nice."
Pour Michel Tubiana, "le débat juridique est clos". Au micro de RTL, il "souhaite bien du plaisir" aux hommes politiques qui ont appelé l'État à légiférer afin d'interdire le port du burkini en France. "Il faudra qu'ils changent la Constitution, qu'ils reviennent sur les engagements internationaux de la France. Ce débat n'aurait jamais du s'ouvrir. Regardez la risée dont nous sommes l'objet partout dans le monde."
Plusieurs personnalités politiques à droite ne cessent pourtant de réclamer l'interdiction de ce genre de maillot de bain, à l'image de tous les signes ostentatoires, sur les plages françaises. "Donc, on va interdire le port de la kippa aux Juifs", s'interroge Michel Tubiana. "Et puis demain, on va vous expliquer qu'il va falloir respecter des "dress codes". Dans quelle société voulons-nous vivre ? Une société de libertés ou une société de contraintes ?"
Nous parlons de 5 millions de Français, je le rappelle
Michel Tubiana, président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme
Le président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme le martèle : il n'y a pas de lien entre le port de burkini et le terrorisme, en référence à l'argument des opposants à cette tenue qui circule depuis plusieurs semaines. "Là, ça devient extrêmement grave, parce que c'est renvoyer toute une communauté à un processus d'identification en disant : "Vous pratiquez l'Islam, vous le pratiquez de cette manière, donc vous êtes nécessairement terroristes". Nous parlons de 4 millions et demi-5 millions de Français."
Malgré la décision du Conseil d'État, plusieurs maires, dont ceux de Fréjus et Nice, ont d'ores-et-déjà annoncé qu'ils maintiendraient leur arrêté anti-burkini. "Nous allons leur demander d'abroger ces arrêtés. S'ils ne le font pas, nous entamerons des poursuites. On pourra qualifier cela d'atteinte à la liberté individuelle, un délit réprimé par le Code pénal."
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