À mesure que la date du 10 septembre approche, les inquiétudes grandissent autour de cette journée qualifiée de "mercredi de grogne". Lancé sur les réseaux sociaux avant l’été, le mouvement appelle à exprimer un rejet de l’exécutif et de son projet de budget à travers une série d’actions : blocages d’axes routiers, paralysie de gares, sabotage d’infrastructures, manifestations classiques, voire grève de la consommation...
Si la mobilisation intrigue, c’est qu’elle semble difficile à cerner. Jean-Laurent Cassely, journaliste et essayiste, co-auteur avec Jérôme Fourquet de La France sous nos yeux (éditions Seuil), décrypte les ressorts d’un phénomène hybride. "On ne sait pas précisément d’où viennent ces personnes. Ce que l’on sait, c’est d’où vient la mobilisation : elle est née en ligne, plutôt dans les sphères de la droite souverainiste, avant d’être reprise par la gauche radicale. Ajoutez un soupçon de gilets jaunes sur les tracts, et vous avez un mouvement hybride, qui ne ressemble à rien de connu", explique-t-il sur RTL.
La confusion autour de l’ampleur réelle du mouvement se traduit aussi dans les chiffres. Selon les services de renseignement territorial, environ 100000 personnes pourraient se mobiliser ce jour-là. Un nombre que certains jugent limité, mais qui pourrait sous-estimer l’originalité de cette mobilisation, tant sur le fond que sur la forme.
"On pourrait être surpris par la forme que prendra le mouvement"
Jean-Laurent Cassely sur RTL
"Est-ce qu’il faut s’attendre à des blocages ? À des cortèges traditionnels ? Je n’en suis pas si sûr." La nature même de la protestation semble se détacher des codes classiques. Certaines pages militantes appellent à "ne pas consommer", à faire une "grève de la consommation", ou encore à retirer du cash pour priver les banques de commissions. Une forme de "confinement volontaire" est même évoquée : poser un jour de congé, sans forcément faire grève, pour marquer son mécontentement de façon discrète, mais symbolique.
L’un des enseignements les plus marquants tient à la sociologie des participants. Contrairement aux gilets jaunes, largement issus des classes populaires et des territoires périurbains, ce nouveau mouvement semble davantage porté par la classe moyenne. "On a affaire à une révolte de la classe moyenne. La colère remonte les barreaux de l’échelle sociale. On peut s’attendre à un profil à la fois de personnes au SMIC ou marginalisées économiquement, mais aussi de gens plus intégrés socialement, qui s’agrègent à cette révolte", analyse Jean-Laurent Cassely.
Une étude récemment publiée par la Fondation Jean-Jaurès, portant sur les profils des internautes actifs sur les groupes Telegram et Signal liés au mouvement, confirme cette tendance : citadins, diplômés, classes moyennes apparaissent surreprésentés dans les discussions. Autre élément notable : le flou idéologique du mouvement, qui emprunte à la fois à la droite souverainiste et à la gauche radicale. Les revendications se concentrent essentiellement sur des enjeux économiques et démocratiques, avec un rejet marqué des ultra-riches, des grandes entreprises, des multinationales.
"Il y a plusieurs colères. Les manifestants ne seront pas d’accord sur les solutions, mais ils se rejoignent sur les problèmes. Comme lors des gilets jaunes, on observe peu de revendications sur l’immigration. C’est un mouvement centré sur le pouvoir d’achat, la crise démocratique, les inégalités économiques", précise l’essayiste.
Cette convergence entre cultures militantes nourrit un mouvement composite, qui puise dans différentes références protestataires : les gilets jaunes, bien sûr, mais aussi Nuit debout, voire les "indignados" espagnols. Une des pages à l’origine du mouvement porte d’ailleurs le nom "Indignons-nous", en clin d’œil au manifeste de Stéphane Hessel et à cette tradition protestataire née de la crise économique de 2008.
Face à ce mouvement aux contours incertains, les autorités redoutent des débordements. Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a évoqué la possibilité d’"actions spectaculaires, mais pas massives". Le risque de violences n’est pas écarté, même si Jean-Laurent Cassely relativise cette hypothèse. "Il y a une envie, chez certains, de profiter de chaque étincelle pour en faire un foyer de protestation. Des casseurs pourraient vouloir en profiter, mais une partie des manifestants craint justement cette dérive violente", précise le journaliste.
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