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BarakaCity : qui est Idriss Sihamedi, l'homme qui a suscité le malaise de Najat Vallaud-Belkacem dans "Le Supplément" ?

PORTRAIT - Fiché par les services de renseignement, le président de l'association humanitaire islamique BarakaCity suscite la controverse à cause de ses positions considérées comme ambiguës sur l'islam et Daesh.

Idriss Sihamedi, président de l'ONG humanitaire Barakacity, sur le plateau du "Supplément"
Idriss Sihamedi, président de l'ONG humanitaire Barakacity, sur le plateau du "Supplément"
Crédit : Capture d'écran Canal +
Julien Absalon
Julien Absalon

"Se justifier, c'est quelque part s'accuser. Aucun musulman ne doit tomber dans la justification et la condamnation de ce qu'ils n'ont pas fait". Idriss Sihamedi n'en démord pas sur son compte Twitter après la diffusion, dimanche 24 janvier, de ses propos controversés dans l'émission Le Supplément de Canal +. Il est notamment reproché à ce jeune trentenaire, président de l'ONG musulmane BarakaCity, de ne pas avoir fermement condamné les agissements du groupe État islamique. "Je ne vais pas vous dire : 'Non, je ne condamne pas'. Mais je suis gêné de la question", a-t-il notamment commenté. Il n'en fallait ainsi pas moins pour mettre "mal à l'aise" la ministre Najat Vallaud-Belkacem et lancer une nouvelle polémique autour de cette organisation humanitaire et son dirigeant.

Ancien gérant d'une entreprise de communication, Idriss Sihamedi fonde Barakacity en janvier 2010. Avec cette association, il vient en aide dans différentes régions du monde à des populations musulmanes, à l'instar des Rohingya, une minorité installée en Asie du Sud-Est. Pour cela, il se base sur des campagnes de dons qui ont permis de récolter 16 millions d'euros en trois ans. Très efficace commercialement et particulièrement bien présente sur les réseaux sociaux, son association fédère pas moins de 650.000 fans sur Facebook. "Au début de l'histoire, il n'y avait rien, si ce n'est l'espoir fou qu'un jour, avec Allah, demain pouvait être meilleur", explique Idriss Sihamedi sur le site internet de BarakaCity.

Un musulman "orthodoxe" mais pas "salafiste"

Mais cet humanitaire suscite beaucoup de suspicion autour de ses positions parfois considérées comme ambiguës. Dans un reportage de Canal +, l'homme se présente comme un "musulman normal" mais accepte aussi d'être considéré comme un "orthodoxe". En revanche, il "ne se reconnaît pas du tout" dans le terme "salafiste" qu'il estime être une "appellation farfelue". Reste que certaines de ses convictions choquent. "Je ne serre pas la main aux femmes", explique-t-il par exemple. Il n'hésite pas non plus à rappeler sur Twitter certaines valeurs qu'il défend : "Que notre jeunesse prenne garde à la fornication. Si Allah l'a interdit, c'est assurément pour préserver l'honneur et la société".

Mais comme le montre la dernière polémique, Idriss Sihamedi intrigue plus particulièrement à cause de son point de vue sur la lutte contre Daesh. Sur la chaîne cryptée, il préférait se réfugier derrière une certaine neutralité : "D'une manière plus générale, BarakaCity condamne toutes les exactions commises par des groupes armés, des gouvernements, des juntes". L'homme explique également qu'il préfère adopter une démarche de médiation plutôt que d'injonction. "On n'est pas dans la politique du 'Stop Djihadisme' du gouvernement qui n'essaie pas de discuter avec ces jeunes. Nous, on essaie d'avoir une certaine pédagogie", racontait-il à StreetPress. Il juge par ailleurs, sur sa page Facebook, que les actions de son ONG "plaident suffisamment en sa faveur pour ne pas commenter les actes de l'EI".

Fiché par la DGSI

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Autant d'éléments qui semblent avoir attiré l'attention des services de renseignement français, qui suivent de près les associations caritatives suspectées de financer le jihad. En décembre 2014, RTL révélait ainsi qu'Idriss Sihamedi avait été fiché par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Les locaux de son association, basée à Courcouronnes (Essonne), au sud de Paris, ont ainsi été perquisitionnés à deux reprises, notamment dans le cadre de l'État d'urgence. Des fouilles qui n'ont rien donné. Quoi qu'il en soit, le patron de BarakaCity affirme ne rien avoir à cacher. Lorsqu'il se rend en Syrie, il prend par exemple le soin de prévenir les autorités, selon StreetPress.

Idriss Sihamedi semble en tout cas trouver malhonnêtes toutes ces suspicions, d''autant qu'il estime avoir été piégé par Canal +. Selon lui, la chaîne lui avait promis d'évoquer principalement le sort de Moussa Ibn Yacoub, un membre de l'association emprisonné depuis décembre 2015 au Bangladesh pour "activités suspectes". "Prétexter faire la lumière sur Moussa pour finir sur le banc des accusés, c'est macabre, scandaleux et ignoble", dénonce-t-il sur Facebook. Reste que cette polémique ne va sans doute pas lui faire changer de discours : "Je suis un homme de foi et non un homme d'État. Donc aucune gêne à me faire passer pour un personnage exotique ambigu".

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