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Bac 2022 : les corrigés de l'épreuve de philosophie du bac général

Retrouvez les corrigés gratuits de l'épreuve de philosophie du bac général 2022 passée ce mercredi 15 juin par les lycéens.

Les élèves commencent l'épreuve de philosophie dans le cadre des examens du baccalauréat à Lyon.
Les élèves commencent l'épreuve de philosophie dans le cadre des examens du baccalauréat à Lyon.
Crédit : Olivier Chassignole/AFP
Lison Bourgeois

Dernière ligne droite pour le bac 2022 : quelque 520.000 lycéens ont passé ce mercredi matin l'épreuve de philosophie. Dans un contexte de vague de chaleur exceptionnelle sur toute la France, les élèves ont planché jusqu'à 4 heures pour rendre la meilleure copie possible ce mercredi 15 juin. Pour le bac général, cette épreuve représente un coefficient 8. En partenariat avec Digischool, RTL vous dévoile des corrigés de l'épreuve. 

Les élèves devaient rédiger un sujet parmi trois propositions. Deux d'entre elles étalent des dissertations et la troisième possibilité était un commentaire de texte. Pour le bac général, les élèves avaient le choix entre deux sujets de dissertation :


- Les pratiques artistiques transforment-elles le monde ? 
- Revient-il à l'État de décider ce qui est juste ?

Les lycéens en section générale pouvaient aussi choisir le commentaire de texte d'un extrait d'Antoine-Augustin Cournot nommé Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique d'Antoine-Augustin Cournot (1851).

Sujet 1 : "Les pratiques artistiques transforment-elles le monde ?"

L’objet principal de ce sujet est l’art, bien sûr, mais plus particulièrement la question des pratiques artistiques, et donc de l’art considéré comme une activité créatrice. Il s’agit de mettre cela en relation avec notre rapport au réel, notamment la façon dont l’art transforme et modifie le monde. Ce thème de la transformation du monde peut être l’occasion de faire des liens avec des chapitres connexes, comme la liberté ou la nature.

Vous pouviez donc partir sur la problématique suivante : les pratiques artistiques s’intègrent-elles à un monde toujours déjà-là qu’elles se contentent de reproduire ou réfléchir, ou bien en tant que productions créatives ont-elles vocation à modifier l’aspect du monde tel qu’il se donne à nous ?

Le plan que vous pouviez adopter pour répondre à sujet est le suivant :

I. L’art comme activité de reproduction du monde déjà-là
1. L’activité de l’artiste ne peut, à proprement parler, créer quelque chose de nouveau

L’idée, ici, c’est que tout pratique artistique part d’une donnée qui existe déjà et que l’artiste va modifier. Ce qui ne transforme pas forcément le monde, mais en fait une reproduction moins vraie. Pour défendre cette idée, vous pouviez vous appuyer sur Platon, en citant notamment le livre X de la République.

2. En cela, toute activité artistique transforme le monde dans le sens où elle le dénature :
Ici, l’œuvre d’art devient un objet du monde parmi d’autres, mais cet objet est très éloigné du réel et du vrai. Par conséquent, elle transforme le monde, mais dans un sens négatif et dangereux : elle produit un monde d’illusions.
Ici, vous pouviez encore une fois faire référence à Platon, et citer l’exemple du peintre Zeuxis, mentionné dans la Poétique d’Aristote.

II. Par sa pratique, l’art peut transformer le monde
1. Les œuvres peuvent induire un nouveau rapport à soi et au monde :
Contempler des œuvres d’art ou assister à un concert, par exemple, a le pouvoir de nous révéler un autre monde au sens d’une autre réalité à laquelle on n’avait pas accès. Qu’en est-il pour celui qui pratique l’art ?
Pour cette sous-partie, vous pouviez mentionner la catharsis, concept développé dans la Poétique d’Aristote.

2. Avoir une démarche créative, c’est inscrire ce qu’il nous reste de liberté dans le monde :
"Pratiquer", c’est agir,  donc nécessairement opérer une transformation du donné dans lequel nous sommes pris. De nombreux exemples peuvent être cités ici, notamment celui des photographies d’Auschwitz prises par les membres des Sonderkommando. Ces Juifs ont pris des photos de la réalité des camps au péril de leur vie, ce qui leur a permis de changer leur rapport à ce qu’ils étaient en train de vivre.

III. Pratiquer un art ne change pas le monde objectif, mais notre perception de celui-ci
1. L’artiste donne ses règles à l’art et transforme le donné :
Toute pratique artistique fait-elle de celui qui fait de l’art un artiste, et induit-elle alors nécessairement une transformation du monde ? Pas forcément. Seul le génie donne des règles à l’art et peut, par sa vision, renouveler la façon de percevoir le réel. Pour appuyer cette idée, vous pouviez citer Kant et sa Critique de la faculté de juger.

2. C’est avant tout notre monde subjectif qu’une pratique artistique change :
Une pratique artistique ne peut changer le monde pris comme totalité, mais bien le monde ou la réalité de la personne impliquée dans cette pratique. Bergson évoque notamment la façon dont l’artiste est un révélateur photographique du monde, en nous faisant voir ce que nous ne voyons pas quotidiennement, trop pris par notre vision commune et quotidienne.

Sujet 2 : "Revient-il à l'État de décider ce qui est juste ?"

Dans cette dissertation, les thèmes à traiter étaient donc l’État, la justice ou encore le droit. Selon le correcteur, dans ce sujet de philosophie, on ne pouvait pas évoquer la notion du "juste" sans évoquer la morale, ainsi que le rapport entre la loi et la question de la légitimité. D’un côté, l’État est un ensemble d’institutions politiques visant à la gestion de la société détenant le pouvoir. Il impose des lois « justes » destinées à rendre possible le vivre-ensemble. 

D’un autre côté, il existe des situations où l’État, en tant que puissance exécutive et législatrice, n’est pas forcément à même de décider ce qui est juste ou non. En effet, le juste ne définit pas seulement le légal, mais aussi le légitime en vertu de principes ou de valeurs plus hautes.

Vous pouviez, par exemple, utiliser la problématique suivante : le domaine de la justice relève-t-il de la sphère de l’État, au risque que les lois en viennent à servir l’État et non la justice, ou bien doit-on distinguer les lois de la reconnaissance de principes de justice qui reviendraient à d’autres acteurs que l’État et pour lesquelles la société civile aurait un rôle à jouer ? 

Voici une proposition de plan et dâ€