Le lieu de l'hommage de la Nation aux victimes des attentats du 13 novembre a été arrêté : la cour de l'Hôtel national des Invalides. La cérémonie aura lieu le vendredi 27 novembre à 10h30, a fait savoir l'Élysée. Il a fallu conjuguer avec l'agenda de François Hollande et des obsèques des victimes. Il fallait que le chef de l'État, qui prononcera un discours, soit là. Or la veille au soir, le jeudi 26 novembre, il sera au Kremlin avec Vladimir Poutine. Puis dans la journée, il doit être à Malte pour un sommet. Il n'y aura pas de cercueils. Il s'agit d'un hommage national et non d'obsèques nationales. Mais les familles des victimes et des blessés seront très nombreux.
Les autorités de l'État voudraient que les familles puissent avoir enterré leurs morts avant cet hommage de la Nation et que les corps puissent avoir été remis aux familles. Il faut pour cela que les autopsies soient terminées. Or elles prennent en moyenne quatre heures par victime, et sont plus longues que prévu.
Concernant le lieu de la cérémonie, plusieurs autres pistes ont été évoquées. Des lieux qui auraient permis aux Parisiens, aux Français et à tout un chacun de s'y associer : le Bataclan, la place de la République ou l'Hôtel de Ville de Paris ont été envisagée. Mais le choix des Invalides, un lieu clos, plus facile à sécuriser, s'est très vite imposé. Ces questionnements sur le choix du lieu sont logiques. Il n'existe pas de cadre républicain défini, car un tel massacre de masse de civils est inédit, souligne l'historien Jean Garrigue, spécialiste d'histoire politique.
"Les hommages nationaux dans la cour des Invalides célèbre en général ceux qui sont morts au combat. Là nous sommes dans un caractère très particulier : c'est à la fois la nation qui est frappée dans ce que l'on appelle une guerre, et à la fois dans un combat pour les valeurs. Il serait donc nécessaire d'ajouter à la dimension nationale traditionnelle des Invalides quelque chose, dans le quartier de République, qui soit plus spontané et qui fasse participer l'ensemble de la population".
Il n'existe pas de cadre républicain défini, car un tel massacre de masse de civils est inédit
Rémi Sulmont
Il va falloir "inventer" quelque chose pour se souvenir de ces 129 morts. Les attentats de Paris et de Saint-Denis sont différents de ceux de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher. Le 13 novembre n'est pas le 7 ou le 9 janvier. En janvier dernier, on a immédiatement construit une mémoire des événements. Le récit des dessinateurs héros s'est imposé, un peu au détriment des victimes de l'Hyper Casher d'ailleurs. Dans la guerre, on a fait des caricaturistes de Charlie Hebdo nos combattants de la liberté. Comme après le 11 septembre, les Américains avaient fait eux avec leurs pompiers.
Mais les victimes du 13 novembre sont des victimes anonymes, ciblées uniquement parce que françaises. Pour cette raison-là, et aussi parce qu'il y a une collectivité de 129 morts, il nous sera plus difficile en tant que nation de nous approprier ces morts. "