Un mois et demi après les attentats de Paris et de Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes et blessé plus de 300 autres, on en sait plus sur la planification et le déroulement des opérations. 850 policiers sont mobilisés et plus de 5.530 pages de procédures ont été rédigées. L'enquête, à laquelle le quotidien Le Monde a eu accès, révèle que l'attaque dont a été victime la capitale le 13 novembre a été coordonnée par un homme en Belgique. Ce dernier n'a pu être identifié.
Alors que 1.500 personnes assistent au concert des Eagles of Death Metal au Bataclan, une Polo noire s'immobilise devant la salle de spectacle à 21h40. Trois hommes, Samy Amimour, Ismaël Mostefaï et Foued Mohamed-Aggad, se trouvent à bord de la voiture. À 21h42, ce SMS, "On est parti, on commence", est envoyé depuis un téléphone Samsung retrouvé dans une poubelle. L'enquête révèle que le destinataire du message de 21h42 ne se trouvait pas en France, mais en Belgique.
Sa ligne a été désactivée immédiatement après la réception du message. Les trois commandos (Stade de France, terrasses de café et Bataclan), qui communiquaient également entre eux, étaient donc téléguidés depuis la Belgique. Dans leur rapport, les enquêteurs évoquent une "triple coordination". Les enquêteurs ont dénombré pas moins de 25 échanges exclusifs avec le téléphone Samsung retrouvé dans la poubelle.
Le téléphone Samsung, sur lequel les ADN de deux des trois terroristes ont été trouvés, apporte son lot de révélations. Son propriétaire a téléchargé la messagerie Telegram peu après 14h le 13 novembre. Des recherches des plans de la salle de spectacle et de la scène ont été réalisées. Il s'est également renseigné sur la programmation du Bataclan le 13 novembre en recherchant "Eagles of Death Metal + White Miles au Bataclan".
Allez-y, levez-vous, ceux qui veulent partir, partez
Un des assaillants du Bataclan aux otages
Avant de pénétrer dans le Bataclan, les terroristes tirent devant la salle de spectacle. Une fois à l'intérieur, les trois assaillants ont tiré en continu sur la foule avant d'entamer des négociations avec les forces de l'ordre déployées devant le Bataclan. "Certains s’amusent avec les otages : "Allez-y, levez-vous, ceux qui veulent partir, partez", lance l'un des assaillants. "Bien sûr, tous ceux qui se sont levés se sont fait tirer dessus. Les terroristes ont recommencé et d’autres otages se sont levés. De nouveau, ils ont tiré. Ils s’amusaient, ça les faisait rire", raconte un rescapé cité par Le Monde.
Au moment de la mort de Samy Amimour, qui s'est fait exploser, ses deux complices auraient ri. Une rescapée témoigne : "J’ai recu un bout de chair dans mes cheveux. Ça les a fait rire. Ils ont dit : 'Tiens il s’est fait exploser'. Ça les a fait marrer et je me suis dit qu’ils étaient vraiment débiles."
Un premier contact entre les forces de l'ordre et les assaillants a été opéré à 23h27. Une survivante rapporte les revendications des terroristes : "Je veux que vous enleviez vos armées, je veux un papier, et un papier signe´ qui le prouve, il est 23h32, si dans cinq minutes je n’ai rien, à 23h37 je tue un otage et je le balance par la fenêtre."
"Touché mortellement par deux tirs, le premier terroriste, Foued Mohamed-Aggad, déclenche sa ceinture explosive, soufflant son complice, Ismaël Mostefaï, criblé de boulons", assure Le Monde. L'assaut, lui, sera donné quelques minutes plus tard, à 00h18.
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