"Un attentat terroriste a été déjoué dimanche matin". Le ton grave, de nombreux éléments à l'appui, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a confirmé lors d'un point presse convoqué au dernier moment place Beauvau les informations données plus tôt dans la matinée par RTL. Un islamiste radical qui projetait un attentat imminent contre une ou plusieurs églises de la région parisienne a été interpellé totalement par hasard dimanche à Paris muni d'un arsenal terroriste conséquent. Il est également soupçonné d'avoir abattu Aurélie Châtelain, la professeur de fitness retrouvée morte dimanche à Villejuif, dans le Val-de-Marne.
Son arrestation a trouvé son point de départ dans un banal appel au Samu passé dimanche matin. Blessé à la jambe dans une rue du XIIIe arrondissement de Paris, il a affirmé avoir été agressé au pistolet à plomb par un individu qui l'aurait racketté. Pendant qu'il était conduit à l'hôpital, les policiers ont remonté ses traces de sang et sont parvenus jusqu'à son véhicule dans lequel ils ont découvert un véritable arsenal de guerre (une kalachnikov, des pistolets automatiques) ainsi qu'un gyrophare. Son identité a alors déclenché plusieurs alertes au sein des autorités judiciaires et policières.
Âgé de 24 ans, Sid Ahmed Ghlam est un étudiant en informatique de nationalité algérienne. Il a rejoint la France en 2010, dans le cadre du regroupement familial. Il rejoint ses parents, qui ne cachent pas leur attachement à une pratique ultra-rigoureuse de l'islam, à Saint-Dizier. C'est là qu'il rencontre sa compagne, actuellement en garde à vue. Une femme qui porte le voile intégral et vit quasiment recluse dans un petit pavillon. Le jeune homme va d'abord étudier l'électronique à Reims, interrompre son cursus, revenir à Saint-Dizier avant de s'inscrire en fac à Paris, en 2014.
Il vit désormais à Paris dans un appartement à proximité de la Bibliothèque nationale de France (BNF), dans le XIIIe arrondissement. À son domicile, les policiers ont mis la main sur trois kalachnikovs supplémentaires, des gyrophares, quatre gilets pare-balles ainsi que plusieurs brassards de police. Il a été placé en garde-à-vue dès dimanche depuis son lit d'hôpital dans le cadre d'une enquête confiée en urgence à la section antiterroriste de la PJ de Paris et à la DGSI par le parquet antiterroriste de Paris.
Connu des services antiterroristes, Sid Ahmed Ghlam faisait l'objet d'une fiche "S", pour "sûreté de l'État", qui implique une surveillance, mais n'était pas placé sur écoute au moment de son arrestation. D'après les services de renseignement, il s'est déjà rendu en Syrie. Il sera d'ailleurs placé en garde à vue à son retour mais, faute d'éléments, aucune charge n'est retenue contre lui. Il avait fait l'objet de plusieurs signalements mais les enquêteurs ne disposaient pas de suffisamment d'éléments pour ouvrir une enquête judiciaire. Selon nos informations, ses velléités de départ en Syrie, pour retourner combattre les troupes de Bachar al-Assad dans les rangs jihadistes, avaient récemment été dénoncées par un membre de sa famille auprès des autorités.
Bernard Cazeneuve l'a confirmé mercredi : Sid Ahmed Ghlam préparait une attaque terroriste sur le sol français, vraisemblablement à l'aide de plusieurs complices selon les enquêteurs. De la documentation sur des églises de la région parisienne a été découverte par la police judiciaire lors des perquisitions menées à son domicile "établissant sans ambiguïté que l'individu projetait la commission imminente d'un attentat", a indiqué le ministre de l'Intérieur. L'appartement de sa sœur, à Saint-Dizier, en Haute-Marne, et de plusieurs membres de sa famille, dont certains sont acquis à la cause de l'islam radical, ont également été perquisitionnés.
Les enquêteurs soupçonnent par ailleurs Sid Ahmed Ghlam d'avoir tenté de voler le véhicule d'Aurélie Châtelain, la jeune femme originaire de la région de Valenciennes retrouvée abattue de trois balles sur le siège passager de son véhicule à Villejuif dimanche alors qu'elle venait suivre un stage de pilates. Son ADN a été retrouvée sur les lieux du crime et l'analyse balistique confirme son implication dans le meurtre. Selon Le Monde, les enquêteurs pensent qu'il s'est blessé à la jambe lors de cette tentative de vol. Sa garde à vue doit s'achever jeudi matin.