L'Unedic, l'organisme qui gère l'assurance-chômage, est sous la responsabilité des partenaires sociaux. Or les finances de cet organisme sont malades : il perd 4 milliards d'euros par an, car les cotisations ne parviennent plus à financer les indemnités. Une dette de 30 milliards d'euros a été accumulée. La pression s'est accrue récemment sur l'Unedic, non seulement pour des raisons financières mais politiques. Car l'un des candidats à l'élection présidentielle, Emmanuel Macron, voudrait nationaliser l'assurance-chômage, c'est-à-dire la retirer aux patrons et aux syndicats, en considérant que de toute façon, c'est l'État qui sera responsable de la dette, et qu'il a donc intérêt à assumer la gestion.
La plus importante mesure de l'accord concerne les chômeurs de plus de 50 ans. Actuellement, ils ont droit à trois ans d'indemnités, contre deux pour les moins 50 ans. Cet avantage sera repoussé à 55 ans, avec un palier intermédiaire à 53 ans. Parallèlement, le patronat accepte une très légère hausse de cotisation chômage de 0,05% à titre temporaire. Il n'y aura pas de surtaxe sur les contrats courts : au contraire, puisque la pénalité mise en place en 2013 est supprimée, sauf sur ce qu'on appelle les contrats d'usage. Enfin, l'accord prévoit une modification du calcul des indemnités, qui était paradoxalement favorable aux salariés enchaînant les contrats courts, à salaire égal.
Cet accord devrait réduire le déficit de l'Unedic de 1,2 milliard, ce qui n'est pas suffisant. L'organisme appelle également l'État à ses responsabilités pour alléger les charges qui pèsent sur elle, en particulier le coût de Pôle Emploi : c'est quand même 3 milliards par an. Il supporte aussi le coût des travailleurs frontaliers français, qui cotisent à l'étranger et se font indemniser en France, sur la base du salaire suisse (50% plus élevé) avec les règles françaises qui sont les plus généreuses (ça coûte 500 millions par an).
Il y a encore les avantages de l'État employeur, qui emploie des salariés de droit privé, donc susceptibles de se trouver au chômage, alors qu'il ne paient pas les cotisations concernées. En clair, l'Unedic dit : "J'ai fait ma partie du chemin, à vous maintenant de faire le vôtre".