C'est un projet colossal mais aussi stratégique pour la souveraineté énergétique de notre pays : une mine de lithium à Échassières, dans l'Allier. On pourrait y produire 34.000 tonnes chaque année, de quoi équiper de batteries pas moins de 700.000 voitures électriques. Si le projet est défendu à la fois par le gouvernement et les élus locaux, il inquiète une partie des habitants.
Ce soir-là, la salle des fêtes du village est comble. À la tribune, les cadres de la multinationale, en chemise, défendent leur projet face aux habitants. "On parle de 530 emplois sur les différents bassins. Nous travaillons dessus dès maintenant", explique l'un d'eux. Des vidéos et des graphiques sont projetés sur des écrans.
Au fond de la salle, une jeune femme saisit le micro et prend la parole. "Combien de personnes sont favorables à ce projet dans la salle ?", demande-t-elle. Des mains se lèvent, mais soutiens et opposants s'invectivent. Un des maires du territoire leur répond : "Quand un élu voit le désastre de la régression de la population, les écoles qui sont toujours sur la corde raide, il se dit qu'il ne peut pas passer à côté".
Ce coin oublié d'Auvergne au passé minier reste un territoire sinistré, touché par la fermeture d'usines. "J'ai été licencié dans la fonderie, j'ai été licencié dans l'aciérie... Pour aller chercher des emplois, il faut faire trente kilomètres", déplore un habitant au micro de RTL. Dans les brochures distribuées au public, l'entreprise promet une exploitation responsable, la plus verte possible, mais pour Pascal, agriculteur, "les gens sont quand même relativement inquiets par les risques de pollution". "J'ai surtout l'impression qu'on n'a toujours par les réponses aux questions", s'agace-t-il.
Le calme revient finalement dans la salle alors que ce débat public doit se tenir jusqu'à l'été. Il faut dire que la future mine doit ouvrir à proximité d'une forêt protégée, sur les hauteurs d'Échassières, dans une carrière de kaolin qu'exploite déjà la multinationale. D'où l'inquiétude des habitants.
Thierry Morisod, opposé au projet, explique qu'il s'y trouve "des hêtres, des coucous. Y niche aussi la rosalie des Alpes, un insecte". Le massif de 2.000 hectares est classé Natura 2000, c'est donc une zone protégée. "Il y a de multiples sources. À partir du moment où il y aura un projet de mine qui va descendre à 400 mètres, les réseaux aquifères vont baisser. La forêt souffre déjà beaucoup, elle va manquer encore plus d'eau", regrette l'écologiste. "Toutes les autres nuisances, poussière, bruit, déplacements, vont toucher l'écosystème et l'impacter. On est pourtant dans une crise écologique importante".
L'eau nécessaire à l'exploitation sera puisée dans une rivière voisine. 90% sera recyclé, selon l'entreprise. Le minerai sera lui transporté à une quinzaine de kilomètres, juste en face de la maison de Gérard. Il vit ici depuis une vingtaine d'années. "Ce qui est prélevé dans la mine va arriver par tuyau ici, être traité ici. Les accidents sont toujours possibles", affirme-t-il. Dans son village, le conseil municipal a déjà voté contre l'installation d'une plateforme de stockage et de chargement ferroviaire.
Face à toutes ces craintes, le groupe minier a accepté d'ouvrir les portes de son site. Pour y entrer, il faut respecter scrupuleusement les consignes de sécurité. Le port de chaussures et d'un casque sont obligatoires pour marcher, en file indienne, sur un chemin sécurisé. Patrick Fullenwarth, est l'un des géologues : "Là, on arrive en carrière, vous pouvez voir les engins en activité. Il y a une pêle avec un camion. Le lithium est dissimulé dans la roche", détaille-t-il.
"On va procéder, en profondeur, à plusieurs centaines de mètres, à des tirs de mine qui vont fragmenter la roche. On va récupérer le minerai fragmenté à l'aide de chargeuses (...) Le minerai va être remonté par des tapis roulants jusqu'à la surface", poursuit-il.
Les résidus serviront à combler les galeries souterraines où seront déposés à l'extérieur pour être traités. Christopher Heymann, directeur du site, assure qu'"il n'existe pas de projet industriel qui n'a pas d'impact. Nous les anticipons (...). Un projet minier ne verrait pas le jour s'il n'est pas acceptable". Les premières mises à l'enquête doivent être déposées d'ici la fin de l'année. L'exploitation du gisement pourrait durer au moins un quart de siècle. La date espérée pour l'ouverture de la mine est de 2028.
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