Accident : les conducteurs non assurés "peuvent se retrouver à payer toute leur vie"

Le phénomène inquiète les assurances. En 2018, plus de 30.000 personnes ont eu un accident impliquant un conducteur non assuré ou ayant pris la fuite, d'après un rapport publié mercredi 20 mars par le Fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages. Et en cas de blessures corporelles, les conséquences peuvent être terribles.

Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité Routière, distingue "trois typologies" de conducteurs sans assurance : "Il y a le délinquant, qui s'affranchit volontairement des règles. Il y a des personnes un peu insouciantes, qui ne font pas les formalités. Et puis il y a une catégorie dominante : les impécunieux."

"La majorité des gens qui ne sont pas assurés le sont pour des raisons financières", confirme Eric de Caumont, avocat spécialisé dans la défense des automobilistes. Il prend l'exemple d'un jeune conducteur qui achète une petite voiture, et se voit obligé de payer son assurance plus cher qu'un conducteur expérimenté. "En deux ans, vous avez payé le même prix en assurance que le prix de la voiture."

Repérer les fraudeurs

Être assuré est pourtant obligatoire pour circuler en voiture en France. Depuis 1958, le Fonds de garantie des assurances obligatoires se substitue à la personne non assurée pour indemniser les victimes, mais se retourne ensuite contre la personne non assurée pour la faire payer. "Parce qu'ils prennent le risque de conduire sans assurance, ils peuvent se retrouver à payer toute leur vie pour les dégâts qu'ils ont commis", précise Emmanuel Barbe.

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Le montant des indemnisations liées aux accidents de la route est de plus en plus élevé : 119 millions d'euros en 2018, soit 32% de plus qu'en 2013. Cela s'explique par le prix des voitures, mais surtout par les frais médicaux de plus en plus perfectionnés en cas de dommages corporels.

L'État réfléchit actuellement à la mise en place d'un dispositif permettant de repérer les conducteurs sans assurance, qui pourrait passer par le système de caméra embarquée dans les voitures de police. "Elles vont pouvoir être connectées en temps réel au fichier des véhicules assurés", précise Eric de Caumont. "Donc immédiatement, cela pourra leur dire : cette voiture n'est pas assurée. Ils pourront donc l'interpeller immédiatement, ce sera sans doute beaucoup plus efficace."