Dans l’affrontement économique et politique entre les trois grands blocs, cette affaire n’est pas neutre. Energias Do Portugal (Energia De Portugal) est une entreprise stratégique comme EDF en France. Elle l’est d’autant plus que la Chine contrôle déjà l’équivalent d’ERDF, le transport de l’électricité.
Si l’opération aboutit, cela signifierait simplement que la Chine contrôlerait la production et la distribution de l’électricité. Un schéma unique en Europe et ailleurs, mais qui n’a pas l’air d’affoler le gouvernement de Lisbonne.
En réalité, ce ne serait qu’une étape supplémentaire de l’OPA, tranquille lancée sur ce pays par Pékin depuis 2010. Et un avant-goût de ce que président espère bien construire avec l’Italie qu’il visite cette semaine. C’est la perspective d’une tenaille économique de la Méditerranée à la façade Atlantique qui inquiète Washington et Bruxelles.
Pour le Portugal, céder des entreprises aux Chinois est une décision souveraine. Mais si l’on creuse le dossier, on comprend vite que c’est surtout un choix par défaut, pour ne pas dire par dépit.
En 2011, Lisbonne traverse une crise financière majeure. Le pays est économiquement ébranlé et en appelle à la solidarité européenne. Bruxelles ne se dérobera pas. Mais impose ses règles : privatiser ce qui a de la valeur pour renflouer les caisses de l’État. Une injonction compréhensible. Sauf qu’aucun candidat européen ne se manifeste. Car nos industriels, nos financiers n’ont pas confiance et surtout détestent le risque.
De grandes et solides entreprises sont à vendre et pas de postulants. Pékin s’engouffre alors avec succès dans ce vide. Avec la reconnaissance des Portugais, soulagés de trouver des investisseurs. Et aujourd’hui, les arroseurs américains et européens qui constatent que le pays s’est bien redressé, se plaignent d’être arrosés.
En même temps, les positions chinoises au Portugal sont désormais très importantes. Elles sont surtout stratégiquement bien ciblées. Pékin a la main sur d’importantes installations portuaires, sur la 1ère banque et le 1er assureur du pays, des intérêts dans la compagnie aérienne nationale, elle contrôle également des centres commerciaux et va équiper le pays avec la fameuse 5G, sans négliger le relais d’une colonie de commerçants très actifs.
S’il est prématuré de parler de cheval de Troie, le maillage est dense et bien articulé. Il dessine une vision très claire des ambitions chinoises dans une Europe sans ligne de conduite et désemparée.
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