Qu'est-ce qu'un "fonds vautour" ? Ce sont les fantômes, non pas de
l'Opéra Garnier, mais du Palais Brogniart, les ombres de la
bourse. Ils ont déstabilisé Casino il y a
quelques semaines. Le groupe a perdu 20% en une journée. En 10 ans, une quarantaine de nos
fleurons français ont été infiltrés par ces fonds, anglo-saxons pour la
plupart. Une petite vingtaine qui possède un quart du capital des entreprises
cotées en France.
Comment font ces fonds pour prendre autant de poids dans nos entreprises ? Ils avancent d'abord masqués, en
rachetant des actions d'un groupe à la bourse. Généralement, vous avez quelques
gros actionnaires qui contrôlent l'entreprise avec 40 ou 50% du capital et le
reste est possédé par des actionnaires individuels. C'est ce qu'on appelle le
"flottant".
Les fonds "activistes"
achètent ce "flottant" et finissent par posséder 5% du capital. Ils deviennent alors
incontournables et imposent leur stratégie à la direction de l'entreprise.
Sinon, ils vendent leurs titres d'un coup et l'action dévisse. Eric Woerth, qui a une mission sur
la question, propose d'ailleurs d'obliger les fonds à se déclarer dès qu'ils ont
plus de 3% du capital pour qu'on les repère plus vite.
Les appeler des fonds
"vautours", cela donne une idée de l'image qu'on a d'eux. On les voit
comme des agresseurs. En réalité, ce sont plutôt des fauves qui attaquent
souvent l'entreprise la plus fragile du troupeau. Et parfois, la violence dont
ils font preuve permet à un groupe de prendre de bonnes décisions stratégiques
ou de se réformer. C'est un fonds qui a poussé Accor à
vendre une partie de ses murs pour aller vers le digital et pour être armé face
à Booking ou Airbnb par exemple.
Pourquoi cette
violence dans les attaques alors ? Parce qu'ils ont un rapport
au temps différent. Les "fonds vautours" promettent une
forte rentabilité sur cinq ans. Il faut donc prendre des décisions rapides pour
faire grimper l'action, quoi qu'il arrive. Le temps s'est accéléré avec ces
fonds. Dans les années 60, on gardait les actions d'une entreprise pendant 8 ans en moyenne. Aujourd'hui, on revend au bout de 4 à 8 mois.
Dans la culture française un peu patriarcale de vieilles sociétés contrôlées par des familles, cette vision "court terme" dérange et bouscule. La moitié des sociétés du CAC40 a plus de 100 ans. Et puis, soyons honnête, ces fonds symbolisent aussi la finance mondialisée...
C'est facile de leur faire porter le mauvais rôle en disant que les fonds n'ont pas de vision de long terme et imposent des plans sociaux. C'est oublier un peu vite que la plupart des grands patrons de sociétés cotées sont payés en stock-options et en actions et qu'ils ont, eux aussi, intérêt à faire grimper rapidement le cours de bourse.
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