Vous imaginez un peu si, en 1940, à l'époque de la délation institutionnalisée, le moindre particulier justement un tantinet "particulier" avait eu "sous la main" l'arsenal technologique dont nous disposons aujourd'hui ! Ce n'est plus Le Corbeau qu'aurait dès lors tourné en 1943 le cinéaste Henri-Georges Clouzot, mais Vol sur un nid de corbeaux.
Rappelons le scénario aux plus jeunes : ce film raconte le séisme vécu par les habitants d'une petite ville de province officiellement paisible, jusqu'à ce que chaque notable reçoive, un beau matin d'une sale journée, une première lettre anonyme au contenu forcément ravageur (mais vrai). Suivie d'autres. Qui, au fil des heures, provoquent précisément heurs et malheurs. S'accumulant dans les boîtes-aux-lettres comme des déchets à la fin d'un banquet.
À base de collages ou de copiages, elles atteignent toutes leur but et, comme dit l'autre, si tous n'en meurent pas, tous sont atteints. Sauf que, à cette épique époque, même les plus timbrés des citoyens doivent justement affranchir leur courrier pour que ça passe comme une lettre à la poste. Après l'avoir médité, prémédité, rédigé, digéré, expédié ! Aujourd'hui, les "oiseaux de mauvais augure" (et les autres !), pour envoyer leur texte ou texto, n'ont rien d'autre à faire qu'à "cliquer". Mettre à l'index au sens propre !
Quel gain de temps. Quelle facilité. Quelles possibilités infinies pour tous, y compris donc pour quiconque voulant nuire sans sortir de chez lui. D'où une "septicémie médiatique" sans précédent. Je me contenterai de citer le président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), Olivier Schramek qui, en présentant ses vœux aux médias fin janvier dans un discours brillant, a donné une info révélatrice sur l'évolution de la société.
La multiplication par dix, en très peu de temps, du nombre de "signalements" faits chaque mois aux Sages du Conseil par des téléspectateurs ou des auditeurs furieux de telle émission, tel propos, telle attitude d'un animateur. L'ensemble est jugé alternativement nul, choquant, déplacé, outrecuidant, avec des programmes et des gens à "supprimer", si on ose dire pour résumer l'ensemble. Comment interpréter cette progression ? On se dit avec raison que les réseaux s'étant multipliés, les motifs d'agir et de réagir se sont développés proportionnellement. Exact. Et justifié.
Seulement, s'ajoutent à cela tous ceux qui remplissent le vide de leur quotidien (ou son "trop-plein") en sur-communiquant. Alors qu'il leur fallait autrefois prendre une feuille, un stylo, un buvard (il en faut toujours un quand on bave), rédiger puis envoyer, il leur suffit maintenant de taper sur la touche "envoi". Après avoir le plus souvent "torché" un vague texte. Pourquoi en serait-il autrement ?
Il nous est si souvent répété que nous sommes les acteurs de la marche du monde, que nous influons sur elle à chaque "sms", que certains, logiquement, le croient. Surtout quand ces nouveaux "plaignants" se montrent par principe virulents et négatifs. La vérité, n'est-ce pas, semble souvent plus vraie quand elle est de surcroît dénuée de toute bienveillance !
On en veut pour preuve, dernière perversion du système, la multiplication d'informations "bidonnées" sur les réseaux sociaux. Par exemple, vendredi dernier, la fausse annonce (Dieu merci) du décès de l'immense comédien Gérard Hernandez. Oui, vous savez, le très bougon Raymond de Scènes de ménage, notre retraité au caractère aussi doux qu'un pull 100% laine de verre. Comme l'aurait dit Gérard Hernandez lui-même en citant Charles de Gaulle, "Qu'ils se rassurent, cela finira bien par être vrai". Le plus tard possible, Gérard, le plus tard possible.
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