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Déclinaisons en allemand (image d'illustration)
Crédit : jonathan-kemper/unsplash
Les Français ne cessent de se plaindre d’avoir une langue compliquée. Aujourd’hui, nous allons relativiser la chose : certes, notre orthographe n’est pas toujours des plus logiques, certes on se prend parfois les pieds dans l’imparfait du subjonctif ou dans le plus-que-parfait, mais reconnaissons qu’on a quand même la chance que le français ne comporte pas de déclinaisons, comme le latin ou l’allemand. Ou plutôt, qu’il n’en comporte plus !
Car, oui, le français a eu des déclinaisons. Accusatif, génitif, datif, ça vous rappelle des souvenirs, amis des mots ? Une déclinaison, c’est l’ensemble des différentes formes d’un même mot (rosa, rosa, rosam, rosae, rosae, rosa, et au pluriel rosae, rosae, rosas, rosarum, rosis, rosis, ça c’est le modèle de la première déclinaison en latin, celle de rosa, "la rose").
Ces formes, les cas, permettent de connaître la fonction du mot dans la phrase. En français actuel, c’est la place du mot et les prépositions qui remplissent ce rôle. Si j’entends : “Le chat mange la souris”, je sais qui mange l’autre parce que le sujet vient avant le verbe et le complément après. En latin, c’est la terminaison du mot qui m’apprend cela.
En ancien français, donc, c’était un peu comme en latin. Un peu, car le français avait déjà simplifié le latin en conservant deux cas seulement, un pour le sujet de la phrase, et un second pour toutes les autres fonctions, que l’on appelle le “cas régime”. Et progressivement, seul un cas est resté. C’est le cas régime, comme il était le plus employé, qui bien souvent s’est imposé, et que l’on retrouve dans notre vocabulaire actuel.
Mais parfois, les deux cas ont subsisté, et cela nous donne des doublons qui sont surprenants, quand on y pense, comme gars et garçon, par exemple : "gars" était le cas régime et "garçon" le cas sujet. On utilisait donc garçon quand le mot était sujet de la phrase : “Ce garçon a mangé du lion.” Et gars quand le mot était complément : “Le lion a mangé le gars.”
J’ai déjà évoqué rapidement ces restes des cas de l’ancien français quand j’ai parlé du fait qu’il y a deux façons de dire l’adjectif vieux dans notre langue : on dit “un vieux bonhomme”, mais “un vieil homme”. Eh bien, à l’origine, vieux était le cas sujet, vieil le cas régime. Aujourd’hui, en gros, on utilise vieil devant les mots commençant par une voyelle ou un H muet, vieux dans les autres cas (un vieux cerisier, mais un vieil arbre).
Il y a d’autres doublons, naturellement. Parfois les deux mots sont synonymes, parfois ils n’ont plus le même sens. Il y a le copain et le compagnon, par exemple, le pâtre et le pasteur, le chantre et le chanteur, la clé avec un é et la clef avec un F, sire et seigneur, et même la pute (cas sujet) et la putain (cas régime).
Et si vous avez envie d’explorer un peu plus les mystères de notre belle langue aujourd’hui, je vous propose qu’on se retrouve cet après-midi à 15 heures à la librairie Grangier, à Dijon, à l’occasion de la Fête de la librairie indépendante. Je vous proposerai une dictée, mais, comme toujours avec moi, c’est une dictée où l’on ne ramasse pas les copies, et surtout où l’on a le droit de copier sur son voisin !
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