Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire est sans doute l'une des seules sagas littéraires où la fin nous est connue dès le début. Son auteur et narrateur, Lemony Snicket (Daniel Handler de son vrai nom) annonce d'emblée que ses 3 héros, Violette, 14 ans, Klaus, 12 ans et le bambin Prunille, n'auront pas le droit à une "happy end". Pourtant, cette saga en 13 tomes s'est écoulée à plus de 50 millions d'exemplaires entre 2002 et 2006. Vendredi 13 janvier (on ne saurait croire à un hasard du calendrier), Netflix en dévoile sa version avec une première saison de 8 épisodes d'une heure chacun environ.
Le pitch reste le même : les parents de Violette, Klaus et Prunille, périssent dans un terrible incendie qui a ravagé leur énorme demeure. Orphelins du jour au lendemain, les enfants se retrouvent à la tête d'une fortune colossale, dont ils ne pourront profiter qu'aux 18 ans de Violette. Ils sont confiés à un cousin éloigné, le comte Olaf, joué ici par le brillant Neil Patrick Harris (How I Met Your Mother), qui loge dans une maison en ruines.
Ce dernier est l'incarnation du diable : laid et mesquin, il veut tout faire pour mettre la main sur leur héritage, et leur en fait voir de toutes les couleurs. Les enfants, très intelligents et débrouillards, tentent de lui échapper. En vain. Mais loin d'être totalement plombant, l'oeuvre de Lemony Snicket est aussi rythmée par un humour noir efficace, pas toujours compréhensible par les plus petits, et un style littéraire très travaillé. L'adaptation de Netflix est-elle à la hauteur ?
Ce n'est pas la première fois que ces Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire prennent vie. En 2004, Brad Silberling en fait un long-métrage, au succès respectable - un peu plus de 200 millions de dollars au box-office. Le déjanté Jim Carrey s'était glissé dans la peau du comte Olaf.
Netflix a quant à elle misé sur Neil Patrick Harris, et elle a bien fait. Celui que le grand public voit encore comme Barney Stinson, le dragueur lourdingue de How I Met Your Mother, est parfait dans le rôle du diabolique comte Olaf. Sa gestuelle rigide et son articulation trop prononcée rappellent qu'il est (dans la série) un acteur de théâtre raté.
Un énorme travail de maquillage le rend très fidèle aux dessins des romans, ce qui ravira les fidèles. Son crâne est anormalement gros, son mono-sourcil beaucoup trop épais pour être réaliste, et son teint est plus gris qu'un ciel pluvieux. Avec sa finesse de jeu, Neil Patrick Harris rend le comte Olaf tout aussi effrayant quand il maltraite les enfants Baudelaire, que ridicule dans les moments où il est piégé par son égocentrisme débordant.
Le casting est aussi réussi du côté des orphelins, même si le visage poupin de Malina Weissman apporte une candeur que n'a pas Violette dans les romans. Mais, la jeune adolescente reste tout aussi maligne et férue d'inventions de toutes sortes, qu'elle fabrique de ses propres mains. Louis Hynes parvient quant à lui à incarner un Klaus proche de la vision de Lemony Snicket, rat de bibliothèque et légèrement taciturne. On adore aussi Joan Cusack dans le rôle de la déjantée juge Judith, à côté de la plaque face au calvaire subi par les enfants Baudelaire.
L'autre pari réussi de Netflix est d'avoir choisi de donner vie à Lemony Snicket. Le narrateur, omniscient, des romans est joué par Patrick Warburton, qui fait office de guide pour le téléspectateur. Il apparaît dès le début, puis entre chaque scène importante. De sa voix douce et grave de présentateur TV, il annonce les horreurs à venir, distille des petites leçons de vie ou se lamente encore et encore du sort des orphelins. Le réalisateur, Barry Sonnenfeld, s'amuse à le faire apparaître tantôt au premier plan, tantôt au second. En tout cas, le temps se fige dès qu'il ouvre la bouche.
Ce choix est judicieux, puisqu'il permet d'accentuer l'atmosphère étrange qui règne dans les romans de Lemony Snicket. On n'y trouve ni sorcellerie, ni créature magique, mais les êtres humains y sont suffisamment bizarres pour avoir l'impression de lire un roman de fantasy, ou dans la lignée de Roald Dahl.
Pour adapter cet univers, Netflix mise sur l'exagération. La maison pastel, presque de poupée, de la juge Judith, tranche avec le taudis sordide dans lequel vit, juste en face, le comte Olaf. L'étroitesse du domicile du banquier de la famille Baudelaire prête à rire, alors qu'on s'émerveille du mini-tramway jaune où l'on doit demander son arrêt au chauffeur dans un petit micro. Les costumes sont aussi délicieusement caricaturaux, et la palme revient bien sûr au comte Olaf et à sa troupe d'affreux comédiens, qui semblent sortir d'un cauchemar. Quant à Prunille, elle sait se faire comprendre par ses frères et soeurs malgré ses balbutiements, et a des dents si acérées qu'elles peuvent tailler de la pierre. Les amateurs de Tim Burton et Wes Anderson se laisseront forcément happer.
Poussant le second degré jusqu'au bout, le téléspectateur est encouragé à fuir dès le générique : "Every single episode is nothing but dismay/So look away", "Chaque épisode n'est que désarroi/Alors détournez le regard", chante Neil Patrick Harris. Et pourtant, on enchaîne les épisodes tout comme on dévorait les livres jusque tard dans la nuit.
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