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Nicole Belloubet, lors de sa visite à la maison d'arrêt de Borgo en Corse, le 19 janvier 2018
Crédit : PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
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Gérer sa première crise. Nicole Belloubet reçoit, ce lundi 22 janvier, les syndicats de gardiens de prison, dans un contexte très tendu. En effet, la ministre de la Justice est chargée de désamorcer une situation qui s'enlise : depuis plusieurs semaines et partout en France, des prisons sont bloquées. Les syndicats demandent l'amélioration de leurs conditions de travail.
Le mouvement de contestation s'est rapidement étendu avec un appel au "blocage total". Actuellement, "nous avons 50 établissements bloqués : 15 où les agents ont refusé de prendre leur service et 35 où les barrages devant les prisons empêchent tout personnel d'entrer", a indiqué la Direction de l'administration pénitentiaire.
Dans un communiqué publié sur Twitter, ce lundi, Nicole Belloubet "réaffirme son soutien et sa solidarité aux surveillants victimes d'agressions graves et intolérables". La garde des Sceaux appelle "à la responsabilité de chacun afin que la sécurité et le fonctionnement des établissements pénitentiaires soient assurés".
Nicole Belloubet est donc attendue au tournant. Mais déjà, son manque de réactivité fait l'objet de nombreuses critiques, de la part des principaux protagonistes. Quatre jours après les premiers blocages, la ministre de la Justice s'est rendue à la prison de Vendin-le-Viel, dans le Pas-de-Calais. Le 11 janvier dernier, un détenu jihadiste y a poignardé trois surveillants, lançant ainsi le mouvement de grogne des agents pénitentiaires. Cet établissement doit aussi accueillir Salah Abdeslam, le dernier membre du commando des attentats du 13 janvier, en février prochain.
Sa visite fut mouvementée. Des surveillants présents sur place avaient décidé de "bloquer la ministre". "Elle ne sortira pas d'ici. On est pris pour des cons, c'est le ras-le-bol total, ça fait des années que ça dure et aucun gouvernement nous a écouté jusqu'à présent", dénonçait l'un des manifestants. À l'issue de sa visite, la ministre avait promis de "revenir dans deux mois, très précisément" afin de "vérifier que "ces propositions ont réellement pris corps". Après Vendin-le-Viel, Nicole Belloubet s'est aussi rendue dans la maison d'arrêt de Borgo, en Corse où elle a été huée par les manifestants.
Selon Emmanuel Baudin, secrétaire général de Force-ouvrière-pénitentiaire, la ministre de la Justice a déjà commis une erreur dans la gestion de la crise : "C'est silence radio alors que nous sommes face à la crise pénitentiaire la plus grave depuis 1990. nous n'avons pas eu un coup de fil de la journée. Personne ne réalise ce que peut être la journée de demain", confie-t-il au Figaro.
En parallèle, Emmanuel Macron est monté au créneau pour apaiser les tensions. Le chef de l'État a annoncé, le 15 janvier dernier, un "plan global" pour la prison dès février. Ainsi, 15.000 places supplémentaires devront être créées pendant le quinquennat. Mais au delà de cette annonce, la prison doit être "profondément modernisée, transformée", a assuré le président de la République qui ajoute que la prison ne doit pas être "la réponse quasi-systématique pour les peines à un certain niveau".
Pour gérer cette crise, le ministère de la Justice assure que Nicole Belloubet "souhaite reprendre immédiatement le dialogue". La veille pourtant, l'heure n'était pas au dialogue. L'AFP rappelle que "dans un communiqué, la garde des Sceaux s'est bornée, dimanche 21 janvier, à prendre acte du rejet du projet d'accord.
Sans proposer de rencontrer à nouveau les organisations syndicales, elle a relevé les 'mesures concrètes pour renforcer la sécurité des personnels et des moyens' apportés par ce texte, citant la création de 1.100 emplois sur quatre ans et une prise en charge spécifique des détenus radicalisés".
Le manque de prise en charge du dossier par le ministère de la Justice a eu pour résultat d'unir les syndicats, qui pourtant étaient divisés en début de mouvement. Ils lui reprochent sa "méthode" et sa "distance" vis-à-vis du dossier. Le secrétaire général de la CGT-Pénitentiaire, Christopher Dorangeville, déclare à l'AFP que "c'est une honte, la manière dont elle traite son personnel en souffrance. Répondre qu'elle 'prend acte', comme ça, montre bien le peu de considération qu'elle porte aux agents".
Il a ajouté que "la ministre a été absente de toutes les discussion. On peut commencer avec le directeur de l'administration pénitentiaire, mais à un moment donné, il faut un engagement et un pilotage de la ministre". Mais, rien ne semble perdu pour Nicole Belloubet qui peut encore jouer son rôle de médiateur. Selon Emmanuel Baudin de Force ouvrière, "il est toujours temps de s’asseoir et de discuter".
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