Martin Hirsch : les vérifications sur les ministres "améliorent les choses"

En 2010, son ouvrage intitulé Pour en finir avec les conflits d'intérêt avait fait de lui l'homme le plus détesté de l'UMP. "Je ne suis pas sûr que ça me rendait hyper populaire à gauche non plus", ajoute Martin Hirsch dans un sourire. L'ancien haut-commissaire à la jeunesse revient sur le projet de moralisation de la vie publique voulu par Emmanuel Macron. Tandis que les vérifications sur les futurs ministres ont retardé l'annonce du gouvernement, le directeur de l'AP-HP estime que celles-ci sont nécessaires. 

"Elles améliorent les choses. Elles font une première chose, qui est d'éviter qu'on découvre comme avec Thomas Thévenoud 3 jours après qu'il n'avait pas payé ses impôts. Deuxièmement, elles permettent de vérifier ce qu'on a fait au cours des années précédentes - qui on a eu comme client, avec qui on a fait des affaires", affirme Martin Hirsch, selon qui la vie politique ne pourra jamais être parfaitement policée. "On n'évitera jamais le type qui a tout caché, qui est voleur, qui a un compte à l'étranger, qui a violé la loi - ni en politique, ni ailleurs. En revanche entre les vérifications d'aujourd'hui et la loi de demain, on peut sortir de quelque chose qui fait système."

Il y avait tous les éléments pour éviter et rendre impossible les trois ou quatre griefs pour lesquels François Fillon a été une illustration.

Martin Hirsch

Tandis que le ministre de la Justice sortant, Jean-Jacques Urvoas, estime qu'une nouvelle affaire Cahuzac est impossible, Martin Hirsch, lui n'est pas de cet avis. "Je pense que dans tout milieu, quand il y a un truand bien organisé, il peut passer entre les mailles du filet. Mais ce n'est pas le plus grave. Le plus grave, c'est quand le système a, de manière consentie et voulue, laissé des pratiques qui peuvent être évitées", dénonce le président de La France s'engage, fondation qui sera présidée dès septembre par François Hollande. 

Selon Martin Hirsch, qui revient sur l'affaire Fillon, "il y avait tous les éléments pour éviter et rendre impossible les trois ou quatre griefs pour lesquels François Fillon a été une illustration".  Il y a des déontologues pour ça. Monsieur Fillon aurait pu dire 'il y a un type qui s'appelle Monsieur Bourgi qui veut m'offrir des costumes' (...), le déontologue aurait dit 'tu ne prends pas, tu passes à autre chose'. Ça, le Parlement n'a jamais voulu mettre fin à cela", dénonce Martin Hirsch.