Une grève à la SNCF est un grand classique. Mais cette grève est complètement atypique. D'abord pas les enjeux. Il ne s'agit pas simplement, comme souvent, on le croit, de la question du statut des cheminots, c'est important, c'est théâtrale et en plus, c'est compréhensible, mais ce n'est qu'un aspect du problème. C'est en fait la métamorphose de la SNCF face à l'ouverture à la concurrence en Europe. Donc c'est très différent de d'habitude.
En suite, c'est différent par ses modalités. On le voit bien, le fait de prévoir une grève sur trois mois, on n'a jamais vu ça. Le fait d'organiser une grève perlée comme ça, c'est aussi une nouveauté.
Enfin, c'est différend de d'habitude par les protagonistes, dans la mesure où on a l'impression qu'au fur et à mesure que ce conflit commence à se dessiner, il y a un antagonisme direct entre le gouvernement et la CGT, qui prend largement la direction du combat quitte à froisser les autres syndicats.
Certains comparent cette grève à celle, historique, de mai 68 ou à celle bien connue de novembre 1995. En ce qui concerne la première, ils ont tort. Pour la seconde, ils n'ont pas forcément raison. Mai 68, ça a d'abord été un soulèvement culturel, sociétal, c'était l'autorité, la tradition qui étaient remises en cause. C'était la nostalgie, l'utopie d'un mouvement étudiant. Le mouvement social s'est greffé ensuite, mais il s'est greffé sur l'ensemble de la société, ce n'était pas une grève de la SNCF, mais un mouvement public et privé.
En ce qui concerne novembre 95, au départ cela touchait l'ensemble du secteur public. Cette fois-ci, c'est quand même d'abord la SNCF, chez les fonctionnaires pour l'instant, ça ne bouge pas énormément. D'autre part, Jacques Chirac avait annoncé pendant sa campagne le contraire de ce qu'il faisait. Ce qu'il faut se dire, c'est que la nature de cette grève, elle n'est pas encore fixée, ça commence à peine.
Ça peut tourner vers 95
Alain Duhamel
Il peut donc y avoir des évolutions, des contagions, des dérapages, des erreurs, des maladresses... Et donc ça peut tourner vers 95. Pour l'instant, il n'y a pas de signes, mais ça peut arriver. Il va y avoir deux juges de paix : évidemment l'opinion publique, qui est tout sauf prévisible.
En 95, elle était pour le gouvernement, puis contre. En 68, elle était pour les étudiants, puis contre. Cette fois-ci, elle est partagée. Il va également y avoir les syndicats réformistes, qui au fur et à mesure que le conflit va s'installer, vont jouer un rôle de plus en plus important.
En tout cas, une chose me paraît évidente - c'est à peu près la seule -, c'est que ce conflit-là, sous ces formes-là, il ne peut pas durer trois mois.
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