"J'ai perdu la tête depuis que j'ai vu Lucette", fredonne peut-être le président de la République en paraphrasant Dany Brillant après cette pénible semaine pour le pouvoir. Alors que François Hollande souhaite restaurer cette tradition giscardienne du dîner avec la France d'en-bas en se rendant chez Lucette Brochet à Vandoeuvre-lès-Nancy jeudi 29 octobre, le chef de l'État a inauguré une série de couacs qui s'est achevée sept jours plus tard avec le cafouillage de la nouvelle ministre du Travail, Myriam El Khomri, sur les CCD.
En déplacement en Lorraine, le président de la République s'est permis ce qui était présenté comme une visite impromptue chez une habitante du cru, après avoir rencontré des jeunes sur un terrain de sport un peu plus tôt dans la journée. Sous le regard d'une assemblée conséquente, entassée dans le modeste appartement, le président et Lucette Brochet jouent à la dînette en échangeant en toute décontraction.
Alors que la séquence de cet échange cordial entre le chef d'État et la retraitée de 69 ans devait redorer le blason de l'Élysée, la vérité fait rapidement surface. "Mardi il y a des gens de l'Élysée qui sont venus pour me dire et ne pas dire. Je voulais dire qu'il s'occupait beaucoup d'immigrés mais pas des clochards qui crèvent dans la rue... Mais ça, il fallait pas que je le dise", confesse Lucette Brochet après coup. La scène est finalement retenue comme une mise en scène grossière et un poil ringarde. On est bien loin de l'objectif recherché, mais le pire reste à venir.
C'est au tour du gouvernement de voir son week-end être gâché par un dossier pourtant connu : les impôts locaux des retraités. La suppression progressive de la demi-part accordée aux veufs et aux veuves, faite pendant le mandat de Nicolas Sarkozy, a commencé à peser sur des milliers de parents isolés à partir de 2014. Alerté par des députés socialistes, le gouvernement a été contraint d'agir dans la hâte le week-end dernier.
Le secrétaire d'État au Budget, Christian Eckert, a commencé à désamorcer la bombe en annonçant une exonération pour l'année en cours dimanche 1er novembre. Mais la grogne est telle que Manuel Valls prend les devants et renchérit en annonçant sur Twitter une exonération pour 2015 et 2016, accompagnée du hashtag "#fiscalité juste". Mais la précipitation du gouvernement peut surprendre alors que Michel Sapin, ministre des Finances, avait déjà mentionné le problème dès le mois d'août.
Le gouvernement n'est pas encore au bout de ses peines en ce dimanche 1er novembre : dans l'après-midi, Anne Hidalgo et Jean-Paul Huchon réclament la mise en place de la circulation alternée à Paris. Airparif, une association qui surveille la qualité de l'air dans la capitale, a annoncé plus tôt un pic de pollution aux particules fines pour le lundi 2 novembre en Île-de-France. La demande de la maire de Paris et du président de région est jugée trop tardive par le gouvernement pour pouvoir prendre les mesures nécessaires pour le lendemain.
Dans un communiqué commun, Anne Hidalgo et Jean-Paul Huchon se sont laissés aller à une petite pique contre l'inertie du gouvernement sur ce dossier, en clamant "leur volonté de faire évoluer au plus vite les modalités de réponse des pouvoirs publics en cas d’épisode de pollution". Embarrassée par ce raté, Ségolène Royal a dû reprendre les choses en main pour faire bonne figure en début de semaine. La ministre de l'Écologie a donc annoncé que la mise en place de la circulation alternée serait désormais "automatique" en cas de demande conjointe de la maire de Paris et du président de région.
À quelques semaines de la COP21, une vieille chimère est revenue tracasser l'ancienne candidate à la présidence de la République. Le 30 octobre, la préfecture de Loire-Atlantique a officiellement annoncé la reprise des travaux de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes. Alors que des militants sont encore mobilisés sur place contre l'aéroport du Grand-Ouest, Ségolène Royal n'est pas non plus favorable au projet.
Alors qu'elle milite pour la création d'un terminal d'embarquement depuis la gare de Nantes vers les aéroports parisiens, elle est "furax" d'être mise devant le fait accompli rapporte Jean-Vincent Placé. La décision de Matignon est "une erreur" pour la ministre de l'Écologie, qui craint que la situation ne s'envenime à quelques semaines des régionales.
Mardi 3 novembre, c'est au tour des handicapés de s'insurger contre la politique fiscale du gouvernement. Une disposition du projet de finances 2016 prévoyait de prendre en compte les revenus des comptes d'épargne non-imposables pour calculer l'Allocation Adulte Handicapé (AAH). En plus de la baisse de cette allocation, près de 200.000 invalides auraient perdu de nombreuses aides connexes.
Face aux réactions indignées de la classe politique et à la mobilisation de l'Association de Paralysés de France, le gouvernement a été contraint de battre en retraite. La secrétaire d'État aux personnes handicapées, Ségolène Neuville, a annoncé que la mesure ne serait pas appliquée.
Tout avait pourtant si bien commencé pour la nouvelle ministre du Travail. À peine arrivée en fonction, Myriam El Khomri avait eu la chance d’annoncer une baisse de 0,7% du chômage en France au mois de septembre. Mais la remplaçante de François Rebsamen ne maîtrise pas encore parfaitement les dossiers de la rue de Grenelle. Invitée sur BFM TV, elle a été prise à défaut sur le nombre de renouvellements possibles d'un Contrat à durée déterminée (CDD).
"J'ai merdé", a-t-elle confié à une amie, alors que la polémique enflait autour de son cafouillage. La ministre estime néanmoins avoir été sciemment piégée : "Jean-Jacques Bourdin avait préparé son coup, il voulait son buzz, il a eu son buzz, je ne suis pas la première, je ne serai pas la dernière". L'approximation fait un peu tâche alors le gouvernement vient de réformer le CDD : renouvelable une fois sur une période maximale de 18 mois auparavant (et non pas "trois ans"), il est possible depuis le 17 août de le renouveler une deuxième fois.
À moins d'un mois de la grande conférence mondiale sur l'environnement, la tenue de la COP21 à Paris pose de nombreuses questions en matière de sécurité. Alors que près de 80 chefs d'État se rassembleront à Paris pendant cet événement, entre le 30 novembre et le 11 décembre, le gouvernement a dû prendre des mesures de sécurité exceptionnelles. Dans un contexte de menace terroriste maximum, François Hollande a dû renoncer à une photo collective sur le perron de l'Élysée. Le ministère de l'Intérieur a aussi annoncé que les contrôles aux frontières seront exceptionnellement rétablis pendant un mois.
Plus embarrassant encore pour le gouvernement, près de 200 travailleurs détachés ont été mobilisés pour l'organisation de l’événement selon France 2. Si la situation de ces employés originaires des pays de l'Est est parfaitement légale, leur présence fait un peu tâche alors que l'organisation de la conférence devait donner priorité au local dans le choix des entreprises et des employés impliqués.
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