Comme Nicolas Sarkozy et François Hollande en leur temps, c'est en Allemagne qu'Emmanuel Macron a choisi d'effectuer son premier déplacement en tant que président de la République, lundi 15 mai. D'emblée, Angela Merkel a effectué des gestes d'ouverture sur son projet prôné par son homologue de "refondation" de l'Europe en crise, malgré des réserves de fond qui persistent. Au final, compte tenu de ces contraintes politiques sur le plan intérieur, la chancelière a fait le maximum pour lui faciliter la tâche.
"Nous sommes à un moment historique de l'Europe" avec "la montée des populismes" et le risque de "délitement" de l'Union, a martelé le huitième président de la Ve République après leur entretien, n'hésitant pas devant la presse à appeler Angela Merkel à ses responsabilités. Cette relance de l'Europe passe aussi à ses yeux par un "travail de conviction" de la chancelière à l'égard de son opinion. Une allusion aux réticences traditionnelles de l'Allemagne au sujet des projets de refonte de la zone euro, Berlin redoutant de payer pour les autres. Pour rassurer, le nouveau chef de l'État a promis des réformes en France, s'engageant à "restaurer une confiance pleine et entière" avec l'Allemagne.
Emmanuel Macron a été accueilli à la chancellerie de Berlin par les applaudissements nourris d'une foule enthousiaste, d'où émergeaient des drapeaux français et européens. De mémoire des journalistes allemands, l'accueil réservé au président français par le public est du jamais-vu, sinon pour la venue de l'ancien président américain Barack Obama. Au début de leur entretien, la chancelière est même sortie sur le balcon de son bureau pour saluer la foule.
Illustration éclatante de leur volonté commune : la chancelière, jusque-là très réticente, a lâché que "du point de vue allemand, il est possible de changer les traités si cela fait sens" en Europe. Les projets de refonte d'Emmanuel Macron concernant le fonctionnement de la zone euro impliquent pour la plupart un changement de traité, toujours risqué, car il nécessite une ratification de l'ensemble des pays européens. L'ancien ministre s'est cependant efforcé de rassurer son hôte allemande en affirmant qu'il était opposé à l'idée d'une mutualisation des dettes "du passé" des pays de la zone euro, un chiffon rouge en Allemagne.
Rentrant lui-même de Berlin pour un dîner d'adieu avec Angela Merkel, une semaine plus tôt jour pour jour, François Hollande avait préparé le terrain à ce réchauffement, assurant que la chancelière voulait "la réussite" d'Emmanuel Macron et entendait concourir "à la stabilité politique" en France. L'Allemagne ne craint rien de moins qu'une victoire du Front national dans cinq ans si Emmanuel Macron échoue. Elle ne fera "rien pour (lui) compliquer la vie", avait-il déclaré.
La chancelière, qui brigue un quatrième mandat lors d'élections législatives en septembre dans son pays, ne pourra toutefois politiquement faire trop de concessions à Emmanuel Macron. "Sa marge de manœuvre est très limitée. Avec son ouverture aux migrants, elle a perdu beaucoup de capital politique et ne peut tirer trop sur la corde avec son parti de droite", confie l'un de ses ministres sous couvert de l'anonymat.
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