Deux semaines après l'élection de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP, le voile est levé sur le nouvel organigramme du parti. À la faveur d'une série de nominations, l'ancien chef de l'État s'est évertué à rester fidèle à son premier objectif : rassembler et remettre sur pied l'UMP en vue des prochaines échéances électorales. Une opération quasiment réussie, à l'exception des couacs Morano et Allaoui.
Soucieux d'incarner le rassemblement, Nicolas Sarkozy n'a pas tranché en nommant à la direction de l'UMP Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez, deux de ses plus fidèles soutiens, symboles du renouvellement des cadres du parti mais porteurs des deux lignes politiques les plus opposées de l'UMP.
Figure de la droite modérée, proche du centre et écolo-compatible, NKM hérite de la vice-présidence alors qu'elle briguait le secrétariat général. Un titre qui lui aurait donné la mainmise sur l'ensemble de la machine partisane. Pour accepter le poste, l'ancienne porte-parole de Nicolas Sarkozy s'est vue garantir "une totale liberté de parole sur toutes les sujets".
Promu numéro 2 bis du parti, Laurent Wauquiez est le grand gagnant du nouvel organigramme. À 39 ans, l'élu du Puy-en-Velay, qui n'a cessé de se droitiser sous l'influence de Patrick Buisson depuis deux ans, obtient le poste qu'il convoitait déjà en 2012. Mais sa ligne dure le pose en épouvantail des centristes et des pro-européens du parti. La cohabitation entre les deux lieutenants de Sarkozy s'annonce mouvementée.
Vainqueur du scrutin, Nicolas Sarkozy a réservé une place de choix à ses soutiens. L'ancien directeur de la police nationale et directeur de campagne de l'ancien président Frédéric Péchenard est le nouveau directeur général de l'UMP. À la trésorerie, le député du Pas-de-Calais Daniel Fasquelle hérite pour sa part de la lourde tâche de redresser les finances de l'UMP, endettées de 74 millions d'euros.
Les très sarkozystes Christian Estrosi et Roger Karoutchi sont bombardés à la commission des investitures, en vue des élections départementales et régionales en 2015. Le maire de Toulon Hubert Falco prend la charge du "comité des maires". Geoffroy Didier obtient l'animation du parti. Fidèles parmi les fidèles, Brice Hortefeux devient quant à lui conseiller politique avec Luc Chatel, tandis qu'Henri Guaino et Éric Woerth intègrent le bureau politique.
En revanche, Guillaume Peltier, fondateur de la Droite forte, le premier courant de l'UMP, est absent du casting. Selon les indiscrétions du Canard Enchaîné, NKM aurait même mis sa démission dans la balance pour s'opposer à sa nomination. Ce qui ne devrait pas l'empêcher d'obtenir un strapontin en étant placés à un poste fonctionnel sous les ordres de Laurent Wauquiez dans les prochaines semaines, croit savoir Le JDD.
Pour sonner le glas des guerres des clans qui ont caractérisé la présidence de Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy s'est efforcé de donner des gages à ses rivaux. À commencer par son principal adversaire à l'élection pour la présidence du parti Bruno Le Maire. Son bras droit Thierry Solère, ex-trublion de la sarkozie pendant les municipales, obtient ainsi un poste à la commission des investitures en charge de l'organisation de la primaire.
Soutien de François Fillon, Éric Ciotti devient secrétaire adjoint en charge des fédérations. Valérie Pécresse, une autre amie de l'ancien premier ministre, intègre la coordination des élections régionales. Grands perdants du casting, les juppéistes sont seulement représentés par Édouard Philippe dans l'équipe en charge de l'organisation de la primaire, Hervé Gaymard aux investitures et François-Noël Buffet, sénateur-maire d'Oullins, au secrétariat national en charge de l'immigration.
Le porte-parolat du parti achève d'illustrer ce souci d'équilibre en incombant au copéiste Sébastien Huyghe et à la proche de Bruno Le Maire, Isabelle Le Callennec.
Nommée secrétaire nationale aux programmes de formation, Madeleine Bazin de Jessey marque l'entrée de La Manif pour tous dans l'organigramme de l'UMP. Au premier plan lors de l'opposition au projet de loi Taubira instituant le mariage pour tous, la jeune femme est présentée comme la "nouvelle égérie de la droite catho" dans l'émission Le Supplément de Canal +.
Âgée de 25 ans, elle est la fondatrice des Veilleurs, un groupuscule issu de la Manif pour tous, et la porte-parole de Sens commun, une autre émanation du mouvement, associée à l'UMP et qui revendique entre 5.000 et 10.000 adhérents. Le 15 novembre dernier, c'est devant ce mouvement que Nicolas Sarkozy avait évoqué pour la première fois sa volonté d'abroger la loi Taubira. Une prise de position qui lui a valu d'essuyer les critiques de nombreux cadres de l'UMP.
La plus fervente supportrice de l'ancien président ne figure pas dans le nouvel organigramme de l'UMP. Et pour cause. Selon L'Obs, la députée européenne a refusé le poste de secrétaire nationale à la formation professionnelle que lui proposait le nouveau leader du parti. Une fonction qui aurait constitué un déclassement pour celle qui s'est déjà occupée du sujet en tant que ministre entre novembre 2010 et mai 2012 et était jusqu'à présent déléguée générale aux élections du parti d'opposition.
"Nicolas m'a proposé de devenir secrétaire nationale à la formation professionnelle et à l'apprentissage. Je lui ai répondu : 'C'est une plaisanterie, c'est indigne, scandaleux, une manque de respect à mon égard'", s'est épanchée dans la presse l'eurodéputée pour expliquer son refus. Elle n'hésite plus à critiquer ouvertement son mentor et laisse planer le doute sur son soutien à la primaire pour 2017.
L'UMP avait réussi à éviter les écueils de l'élection de 2012. Elle a finalement été rattrapée par la polémique avec la nomination de Fatima Alloui. Imposée par NKM, la nouvelle secrétaire nationale à la formation professionnelle s'avère être membre d'un groupuscule d'extrême droite, révèle Libération. Élue conseillère régionale du Languedoc-Roussillon sous la bannière UMP, elle fait partie du Siel (Souveraineté, indépendance et liberté), un micro parti fondé par Paul-Marie Coûteaux affilié au Rassemblement Bleu Marine et lié au Front national.
"Mme Allaoui (...) a admis avoir adhéré il y a un mois à un parti d'extrême droite. Dans ces conditions, sa responsabilité (...) lui est retirée", indique l'UMP dans un communiqué publié ce lundi 15 décembre Selon Libération, elle aurait claqué la porte de l'UMP lorsque le parti lui a refusé l'investiture pour les départementales. Elle a alors rejoint le Siel et tenté d'obtenir l'investiture du mouvement local de Robert Ménard à Béziers. Une incartade qu'elle justifie en évoquant "une crise d'adolescence politique". Elle explique avoir ensuite été "ramenée au bercail par l'entremise de NKM".
Interrogée sur France Info, NKM assurait ce matin qu'elle ignorait le parcours de celle qu'elle a propulsée dans l'organigramme du parti. Elle a expliqué au Monde qu'elle l'avait même identifiée comme "une élue UMP très engagée dans la lutte contre le FN". Dans Libération, Fatima Allaoui affirme pourtant soutenir localement "la plupart des initiatives de Robert Ménard" à Béziers.
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