UMP : NKM et Wauquiez, des lignes divergentes pour seconder Sarkozy
DÉCRYPTAGE – Virage à droite ou recentrage ? Nicolas Sarkozy n'a pas tranché, en nommant à des postes importants deux jeunes ténors politiquement opposés.
La résolution du casse-tête de la répartition des postes à l'UMP est en bonne voie. Nathalie Kosciusko-Morizet a été nommée jeudi vice-présidente déléguée de l'UMP. Laurent Wauquiez serait lui nommé secrétaire général.
NKM aura une "totale liberté de parole sur tous les sujets", a précisé son entourage à l'AFP. "Les secrétaires nationaux thématiques" lui seront "rattachés", et elle "sera chargée de la refonte des statuts du mouvement, de la rénovation du parti, des relations avec les autres formations politiques et de la stratégie électorale", indique l'UMP.
De son côté, Laurent Wauquiez, en tant que secrétaire général, aura pour rôle de faire tourner la boutique et d'incarner le parti dans les médias et auprès des militants.
En plaçant ces deux quadras (ou presque), aux parcours similaires mais aux idées opposées, Nicolas Sarkozy a donc choisi de ne pas choisir.
Deux jeunes ténors ambitieux
À l'image de Bruno Lemaire, qui pour sa part a refusé de rejoindre l'équipe de Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez et Nathalie Kosciusko-Morizet incarnent la nouvelle génération montante de l'UMP.
Âgés respectivement de 39 ans et 40 ans, ces jeunes ambitieux ont su se faire une place à droite. Sur le plan de la carrière, leurs trajectoires sont similaires. Ils ont ainsi tous les deux occupé des postes ministériels durant le quinquennat de l'ancien chef de l'État.
Quant à leurs rapports avec l'ex-Président, si NKM est plus proche de Nicolas Sarkozy (qui l'a soutenu pendant les municipales), Laurent Wauquiez, filloniste en 2012, a su se révéler indispensable durant sa récente campagne à l'UMP.
Virage à droite ou recentrage
En revanche, sur le plan des idées, Laurent Wauquiez et Nathalie Kosciusko-Morizet n'empruntent pas les mêmes chemins.
Le député-maire du Puy-en-Velay penche clairement à droite : résolument anti-mariage gay, il se veut pourfendeur de "l'assistanat" et de "toute forme de communautarisme". Disciple du très droitier Patrick Buisson, il serait d'ailleurs l'un des rares à continuer à voir régulièrement l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy.
NKM, à l'opposé, s'est abstenu sur la loi pour le mariage pour tous et lorgnerait plus vers le centre, avec qui elle n'a pas hésité à s'allier pour les municipales à Paris. Pour elle, la ligne droitière de Buisson adoptée par Sarkozy en 2012 est l'une des raisons de sa défaite.
Un équilibre précaire ?
Politiquement, mais aussi humainement, Wauquiez et NKM ont peu d'atomes crochus et ont mené une âpre bataille en coulisse. Selon Le Parisien, NKM a dans un premier temps refusé la position de vice-présidente, sur le mode "secrétaire générale ou rien". L'ancien Président a semble-t-il trouvé un compromis en accordant une autorité "élargie" à NKM.
Avec ces deux personnalités caractérielles et ambitieuses en compétition, la présidence de l'UMP s'annonce mouvementée. Nicolas Sarkozy fait le pari du mélange des genres, aux dépens de la stabilité, mais cela lui permet aussi, stratégiquement, de se placer au-dessus de la mêlée, en arbitre.
