Il se rendra "très bientôt" en France. Le premier ministre libanais démissionnaire, Saad Hariri, a accepté ce jeudi 16 novembre l'invitation d'Emmanuel Macron après s'être entretenu avec le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Actuellement en Arabie Saoudite d'où il a annoncé sa démission samedi 4 novembre, Saad Hariri sera reçu par le Président dans les jours qui viennent. Une annonce qui intervient au milieu d'un feuilleton qui dure depuis deux semaines, mêlant les intérêts du Liban, de l'Arabie Saoudite et de l'Iran.
Depuis près d'un an, Saad Hariri, fils de Rafic Hariri ancien premier ministre tué dans un attentat en 2005, dirigeait le gouvernement libanais composé d'une coalition de chrétiens et de musulmans chiites et sunnites. Sa démission est apparue comme une surprise aux yeux de la communauté internationale, des citoyens et du président libanais Michel Aoun qui l'a aussitôt prié de rentrer au Liban.
"Je sens que ma vie est visée". Dans un discours retransmis samedi 4 novembre par la chaîne saoudienne Al-Arabiya, Saad Hariri annonce sa démission à la surprise générale. Il y explique être la cible de menaces de morts de la part de membres chiites du gouvernement qu'il dirige. Il pointe notamment du doigt le Hezbollah, groupe armé allié de l'Iran, qu'il accuse d'avoir "créé un état dans l'état" et d'établir une "mainmise" sur le Liban.
Très vite, Saad Hariri est soupçonné d'agir sous la contrainte du pouvoir saoudien qui lui aurait dicté son discours. Dans un communiqué publié le 11 novembre, une semaine après l'annonce de la démission de son premier ministre, le président libanais Michel Aoun affirme que toute position prise par Saad Hariri "ne reflète pas la réalité", car il se trouve dans une "situation mystérieuse en Arabie saoudite".
Interrogé le 12 novembre par la chaîne libanaise Future télévision, Saad Hariri répond aux spéculations sur les conditions de sa démission. "J'ai écrit le discours de démission moi-même. Je voulais faire un choc positif et non pas négatif pour faire comprendre aux Libanais la situation dangereuse dans laquelle nous nous trouvons". Dans le même entretien, il assure être "libre" de ses mouvements et promet de rentrer au Liban "dans les prochains jours".
La démission du Premier ministre libanais intervient au même moment où la gigantesque purge organisée par Mohamed ben Salmane, prince héritier d'Arabie Saoudite, pour renforcer son pouvoir. C'est à la lumière de ces événements que le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, a accusé l’Arabie saoudite de détenir Saad Hariri.
"Je crois qu'Hariri a subi des pressions très fortes de la part de Riyad dans le cadre de cette vraie guerre froide qui prévaut entre le camp sunnite et le camp chiite", décrypte Frédéric Encel, géopolitologue spécialiste du Moyen-Orient au micro de RTL.
Depuis son arrivée au pouvoir en juin 2017, Mohamed ben Salmane qui dirige l'Arabie Saoudite, pays à majorité sunnite, a durci le ton contre l'Iran, pays à majorité chiite. Rivaux depuis de nombreuses années, les deux pays se disputent aujourd'hui l'hégémonie au Moyen-Orient.
"Hariri est ici de sa propre volonté et il peut partir quand il veut", a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir au cours d'une conférence de presse conjointe organisée jeudi 16 novembre avec son homologue français Jean-Yves Le Drian.
Depuis deux semaines, la France tente de désamorcer la crise entre le Liban, l'Arabie Saoudite et l'Iran. Après sa participation à l'inauguration du Louvre le 8 novembre, Emmanuel Macron a fait escale à Abou Dhabi. À cette occasion, il a rappelé "toute l'importance qu'ont la stabilité et l'intégrité du Liban", tout en assurant que "des contacts informels" avaient été noués avec Saad Hariri.
Le fait que Saad Hariri accepte ensuite l'invitation du président de la République à Paris, "prouve que la France a encore un rôle à jouer au Liban, contrairement à ce que disaient beaucoup d'observateurs ces derniers temps", selon Frédéric Encel. "La diplomatie française a
plutôt bien joué en invitant Hariri. C'est élégant et ça permet à l'Arabie Saoudite de garder
la tête haute. C'est une preuve de fermeté tout en respectant les codes", ajoute Didier Billion, directeur adjoint de l'IRIS joint par RTL.fr.
La France saisit aujourd'hui l'occasion de s'assurer un rôle de médiateur dans une région ou le rôle des États-Unis est déjà très important. De cette perspective, les relations étroites entre la France et le Liban depuis plusieurs décennies sont un avantage. En témoigne la proximité que Jacques Chirac entretenait avec la famille Hariri lors de son mandat de Président de la République.
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