Triplé à Sotchi : une première pour la France aux JO d'hiver, pas aux JO d'été
DÉCRYPTAGE - Jean-Frédéric Chapuis, Arnaud Bovolenta et Jonathan Midol ont décroché l'or, l'argent et le bronze en skicross aux JO de Sotchi, jeudi. La France n'avait jamais réalisé un tel triplé en hiver.

Trois athlètes sur un même podium : pour certains pays, comme les Pays-Bas qui se partagent les récompenses en patinage de vitesse à Sotchi, c'est une habitude. Mais pour les Français, il s'agit d'une grande première aux JO d'hiver. Même à la grande époque des Killy, Perrillat, Annie Famose ou des sœurs Goitschel, aux JO de Grenoble en 1968, il manquait toujours un Bleu sur la photo.
Quarante-six ans plus tard, les trois Français, qui avaient... un seul adversaire, canadien, dans la course aux médailles, n'ont pas commis d'impair en finale de cette discipline très particulière, où les concurrents dévalent par groupe de quatre une piste de 1.250 mètres jalonnée de tremplins et de vagues, occasionnant de nombreuses chutes.
Les Bleus remercient le Canadien
Ils ont évité la bataille fratricide et attendu la chute de Brady Leman avant de se répartir les récompenses. Dans l'ordre sur la ligne d'arrivée : Jean-Frédéric Chapuis, 24 ans, en or, Arnaud Bovolenta, 25 ans en argent, et Jonathan Midol, 25 ans, en bronze. Les trois héros du jour ont même posé au pied de la piste lovés dans le même drapeau.
15 triplés aux Jeux d'été
En revanche, la France a déjà réussi des triplés aux Jeux Olympiques d'été, 15 exactement, en croquet, cyclisme sur piste, gymnastique, escrime, tir, tir à l'arc et voile . Mais c'était à une autre époque, au début du siècle dernier, entre 1900 et 1924, dans des épreuves qui n'existent parfois plus.
C'est lors des JO 1900, les 2es de l'histoire moderne, à Paris, que les Bleus ont le plus monopolisé les podiums : 11. Ils avaient régné sur l'escrime (Emile Coste, Henri Masson et Marcel Boulenger au fleuret individuel, Lucien Mérignac, Alphonse Kirchhoffer et Jean-Baptiste Miniague au fleuret maître d'armes, Albert Ayat, Emile Bougnol et Henri Laurent à l'épée maître d'armes), mais aussi sur les épreuves de tir (Maurice Larrouy, Léon Moreaux, Eugène Balme au pistolet - vitesse olympique, Roger de Barbarin, René Guyot et Justinien de Clary à la fosse olympique, Achille Paroche, Pierre Nivet et Georges de Lambert au "sanglier courant").
Carton aux JO 1900
Cette année là, il y eu aussi un triplé au tir à l'arc, dans l'épreuve du "chapelet 50 m" (Eugène Mougin, Henri Helle et Emile Mercier), en voile (0,5 tonneau, avec François Texier, Pierre Gervais et Henri Monnot) en cyclisme sur piste (25 km, avec Louis Bastien, Louis Hildebrand et Auguste Daumain) en gymnastique (concours général individuel, avec Gustave Sandras, Noël Bas et Lucien Demanet) et deux en croquet (simple avec Gaston Aumoitte, Georges Johin et Chrétien Waydelich, simple 2 balles avec Chrétien Waydelich, Maurice Vignerot et Jacques Sautereau. Il faut dire que 24 pays seulement participèrent à ces JO, remportés par la France haut la main avec 101 médailles (26 en or) contre 47 aux Etats-Unis, 2es.
En 1908, à Londres, la France (4e au classement des médailles avec 19 breloques) réussit deux nouveaux triplés, en escrime (Gaston Alibert, Alexandre Lippmann et Eugène Olivier à l'épée individuelle) et en tir à l'arc (Eugène Grisot, Louis Vernet, Gustave Cabaret dans l'épreuve "style continental 50 m"). En 1920, à Anvers, Armand Massard, Alexandre Lippmann et Gustave Buchard avaient pris les 3 premières palces de l'épée individuelle. Avec 41 médailles au total, la France se classa 8e nation de ces Jeux belges.
Le dernier podium monopolisé par les Bleus remonte à 1924, lors des 2es JO d'été organisés à Paris. Albert Seguin, Jean Gounot et François Gangloff s'étaient montrés les meilleurs au saut de cheval en largeur. Les Bleus avaient décroché 38 breloques (3es, derrière les Etats-Unis et la Finlande.