France-Côte d'Ivoire : le stade Bollaert, porte-bonheur des Bleus

Nous sommes le dimanche 28 juin 1998. Le soleil rayonne sur la France. La chaleur est étouffante. La partie aussi. Au stade Bollaert de Lens, les Bleus disputent le premier match à élimination directe de "leur" Mondial. Un 8e de finale crispant face au Paraguay de l'emblématique gardien José Luis Chilavert. Exclu face à l'Arabie Saoudite, Zidane, purge son deuxième et dernier match de suspension. Au terme des 90 minutes du temps réglementaire et des 24 premières de la prolongation, le score est toujours de 0-0.

La loterie des tirs au but se rapproche. Il est presque 18h45. Thuram relance de derrière sur Boghossian, dont le centre est repoussé. Djorkaeff le récupère, lui redonne. Rebelote, mais un Français est encore à la récupération, Pirès. Le Messin percute, entre dans la surface, adresse une merveille de passe lobée à Trezeguet. Le Franco-Argentin de 21 ans comprend tout, remise de la tête dans la course de Blanc, qui catapulte le ballon du droit dans les filets. 114e minute. La délivrance. Pour une équipe, un peuple, un stade.

Cette image du premier but en or marqué dans une Coupe du monde reste la plus marquante de l'histoire des Bleus à Felix-Bollaert. Mais aussi la plus symbolique d'une statistique unique dans l'hexagone : en huit rencontres depuis 1976, dont cinq amicales, certes, les Bleus sont invaincus sur la pelouse du RC Lens (sept victoires, un nul). 

Les premières de Valbuena, Chimbonda...

La dernière remonte au 26 mai 2010, quelques jours avant le retentissant fiasco de Knysna, en Afrique du Sud. Les hommes de Domenech (Mandanda, Sagna, Gallas, Abidal, Évra, Gourcuff, Toulalan, Malouda, Govou, Anelka, Ribéry) avaient péniblement dominé le Costa Rica (2-1) grâce au premier but, dès sa première sélection de Valbuena, tout juste entré en jeu.

Quatre ans plus tôt, c'est déjà un match de préparation à un Mondial, celui de 2006, que l'enceinte sarthoise avait accueillie. Ce 31 mai, Chimbonda honorait sa seule sélection, Ribéry, à l'origine du penalty du 2-0 face au Danemark sa 2e. Saha, passeur décisif sur l'ouverture du score d'Henry, évoluait en pointe à la place d'un Cissé impliqué sur les trois buts de la victoire (3-0) sur les Féroés dans ce même stade en septembre 2005.

Le début de l'histoire des Bleus à Lens remonte à un France-Pologne du 24 avril 1976 (2-0 en amical), avec Domenech et Larqué sur la feuille de match. Le public de Bollaert devra attendre jusqu'en juin 1992 pour revoir l'équipe nationale, toujours en amical, face aux Pays-Bas (1-1). Six ans avant le Paraguay, Deschamps, Blanc et Petit étaient déjà présents sur la pelouse, aux côtés du duo Papin-Cantona, face à Van Basten et Bergkamp

... Guivarc'h, Henri, Boghossian, Letizi, Rothen

Les futurs champions du monde reviendront à Lens quelques mois avant leur sacre face au Brésil en finale, en octobre 1997, face à un adversaire qui leur portera chance un peu plus tard, l'Afrique du Sud (2-1). Jacquet lançait alors dans le grand bain Henry, Guivarc'h et Boghossian. Letizi, Laigle et Ba allaient bientôt disparaître des radars du groupe France. 

Si les Bleus n'ont jamais connu la défaite dans la commune du Pas-de-Calais, ils n'y ont signé qu'un seul carton : un 6-0 contre Malte lors des éliminatoires de l'Euro 2004. Zidane et Henry s'étaient offerts un doublé, Wiltord et Trezeguet démarrant et parachevant le spectacle. Pedretti épaulait Makelele au milieu, Rothen apparaissait pour la première fois sous le maillot frappé du coq. Mardi 15 novembre, Bollaert assistera aux débuts de Rabiot et Dembélé, peut-être à ceux de Lemar et Corchia.