Roland-Garros : peu de chances de voir les Français briller cette année

DÉCRYPTAGE - Il y a trente et un ans, Yannick Noah s'imposait sur la terre battue de Roland-Garros. Il ne devrait toujours pas trouver de successeur le 8 juin prochain.

Jo-Wilfried Tsonga en mai 2014 à Madrid

Crédit : AFP/D.Pozo

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Chaque année, au mois de mai, la question revient avec insistance dans la bouche de nombreux Français, plus ou moins amateurs de tennis : un Français va-t-il gagner Roland-Garros et "enfin" succéder à Yannick Noah, vainqueur en 1983 ?

Et chaque année depuis, la réponse est non. L'an passé, Jo-Wilfried Tsonga avait soulevé l'espoir en atteignant les demi-finales. Mais comme Gaël Monfils en 2008, Sébastien Grosjean en 2001, Cédric Pioline en 1998 et Henri Leconte en 1992, "Jo" cala aux portes de la finale.

Six Français en finale d'un Grand Chelem depuis 1968

Cette finale Porte d'Auteuil, il ne sont finalement que trois a y avoir goûté depuis 1968 et le début de l'ère Open : Yannick Noah, donc, il y a 31 ans, Patrick Proisy en 1972 et Henri Leconte en 1988. Noah est le seul à s'y être imposé. C'est aussi le seul Français a avoir jamais conquis un titre du Grand Chelem sur la période "moderne", toutes surfaces confondues. Et ils ne sont finalement que six à avoir joué une finale dans l'un des quatre majeurs (Tsonga en Australie en 2008, Arnaud Clément également à Melbourne en 2001, Cédric Pioline à l'US Open en 1993 et à Wimbledon en 1997, en plus de Noah, Leconte et Proisy).

Toujours très bien représentée dans le Top 100 du classement ATP depuis sa création, la France a donc à l'inverse du mal a figurer dans les annales de la petite balle jaune, notamment dans "son" tournoi du Grand Chelem. Qu'en sera-t-il pour cette édition 2014 ? A priori, les Français ont peu de chances de s'illustrer et d'avancer loin en deuxième semaine.

Tsonga semble en retrait

Comme ces deux dernières années, les plus gros espoirs reposent sur le papier sur Jo-Wilfried Tsonga. Mais le Manceau, 6e mondial à l'heure d'attaquer le tournoi en 2013, semble un cran en dessous depuis plusieurs mois. Redescendu au 14e rang à l'ATP, "Jo" a disputé 9 tournois et 28 matches depuis début janvier : il en a gagné 18 mais aucun contre des membres du Top 10 (battu par Roger Federer en 8es à l'Open d'Australie et en quarts à Monte-Carlo, par Tomas Berdych en quarts à Dubaï, par Andy Murray en 8es à Miami et par Milos Raonic en 8es à Rome).

À ces cinq défaites, il faut en ajouter trois contre des joueurs bien moins bien classés : le Colombien Santiago Giraldo au 2e tour à Madrid, face à son compatriote Julien Benneteau au 2e tour à Indian Wells et contre le Croate Marin Cilic en 8es à Rotterdam). Les deux autres ont eu lieu en finale à Marseille (battu par le Letton Ernests Gulbis) et en Coupe Davis (battu par l'inconnu Peter Gojowczyk).

En somme, Tsonga ne semble pas à son meilleur niveau à l'approche du grand rendez-vous parisien. Une place en quarts de finale, de ce point de vue, serait déjà une performance. Reste qu'à 29 ans, il n'a plus beaucoup de temps devant lui. Et, surtout, qu'il affiche le meilleur bilan français en Grand Chelem ces dernières saisons : cinq quarts de finale (deux à l'Open d'Australie, un à Roland-Garros, un à Wimbledon et un à l'US Open), quatre demi-finales (une à Melbourne en 2010, une à Paris l'an dernier, deux à Londres) et une finale, en Australie en 2008.

Gasquet a priori forfait

Et à part Tsonga, qui peut s'illustrer ? Vraisemblablement, pas Richard Gasquet. Touché au dos, le Biterrois n'a plus touché une raquette en match depuis le 25 mars et une défaite face à Federer à Miami. Il devrait être forfait à Paris. Suivent dans l'ordre au classement ATP Gaël Monfils (24e) et Gilles Simon (30e). Le premier, demi-finaliste en 2008 et quart de finaliste en 2009 et 2011, ne brille plus que par intermittence au plus haut niveau. Le second vient de prendre un set à Rafael Nadal à Rome mais a peu brillé depuis de nombreux mois.

Finalement, la surprise pourrait venir de Jérémy Chardy. Vainqueur d'un Roger Federer fraîchement papa la semaine passée, le Palois effectue un début de saison intéressant et a déjà atteint les 8es à Paris en 2008. Problème, il ne sera sûrement pas protégé par un statut de tête de série, pas plus que Nicolas Mahut, Julien Benneteau, Édouard Roger-Vasselin, Benoît Paire, Paul-Henri Mathieu ou encore Michaël Llodra. Pour ces derniers, une place en deuxième semaine paraît illusoire. À moins que l'air de Paris ne leur donne des ailes...