Roland-Garros : ce qu'il faut attendre des Français

Comme chaque année, la question va revenir avec insistance dans les prochaines heures et plus encore à partir de dimanche 24 mai, premier jour du tournoi : un Français va-t-il (enfin) succéder au palmarès de Roland-Garros à Yannick Noah, dernier vainqueur tricolore, en 1983, et seul lauréat bleu-blanc-rouge en simple messieurs en Grand Chelem de l'ère Open (depuis 1968) ? "C'est compliqué, estime sans détour ni surprise Isabelle Langé, grand reporter pour RTL. Mais on peut toujours attendre quelque chose d'un Gaël Monfils", nuance-t-elle. 

Monfils et Tsonga en chefs de file

Récent demi-finaliste à Monte-Carlo (défaite 6-1, 6-4 face au Tchèque Tomas Berdych) après deux victoires très convaincantes contre deux membres du Top 10, le Suisse Roger Federer (6-4, 7-5) et le Bulgare Grigor Dimitrov (6-1, 6-3), le Francilien de 28 ans, 15e mondial, n'est jamais aussi fort qu'à Roland-Garros. "Il est chez lui ici, rappelle la spécialiste de la balle jaune, et il a déjà atteint les demi-finales". C'était en 2008, son meilleur résultat en Grand Chelem (battu par Federer en quatre sets). Ont suivi trois autres quarts de finale, en 2009, 2011 et 2014 (battu en cinq manches par le Britannique Andy Murray.

Jo-Wilfried Tsonga a lui aussi déjà atteint le dernier carré Porte d'Auteuil, un an plus tôt. Il avait craqué en trois sets secs contre l'Espagnol David Ferrer. Le Manceau de 30 ans a disputé trois autres demi-finales et une finale en Majeur, en Australie, en 2008. Et s'il ne compte que six victoires pour cinq défaites en 2015, "Jo" est capable de se hisser en deuxième semaine selon Isabelle Langé, qui le trouve "détendu" comme rarement ces derniers jours.

Richard Gasquet peut être la vraie surprise

Isabelle Langé

Quant au numéro 1 français, Gilles Simon, touché au dos et forfait à Nice la semaine précédant le tournoi, il faudra attendre dimanche pour avoir une idée précise de ses ambitions. Mais il y a peu d'espoir de le voir briller. Richard Gasquet a lui aussi connu des pépins physiques depuis début janvier. "Mais le travail avec Sergi Bruguera est bien fait, souligne Isabelle Langé. Il peut être la vraie surprise côté français. Tout dépendra de son dos". Le 21e mondial a atteint les 8es de finale à trois reprises à Paris, en 2011, 2012 et 2013.

Derrière les "quatre mousquetaires", qui pourrait créer la sensation ? "J'ai un coup de cœur pour Benoît Paire, concède Isabelle Langé. J'aimerais bien qu'il confirme qu'il est capable d'accrocher les meilleurs. Son travail paye ces derniers temps. Il mériterait un coup d'éclat". Les autres Français à suivre lors de cette 114e édition seront Jérémy Chardy, 8e de finaliste en 2008, Adrain Mannarino, excellent en début d'année, moins ces dernières semaines, ou le jeune Lucas Pouille, mais pas Julien Benneteau, forfait en simple comme en double.

Cornet, Garcia et Mladenovic meilleures chances chez les dames

Chez les femmes, le constat est un peu le même : difficile d'envisager une Française succéder au palmarès à Mary Pierce 15 ans plus tard. Aucune ne figure dans les 25 meilleures joueuses du monde. Cela dit, Alizé Cornet (29e) - "en plein doute mais qui estime que c'est comme le vélo, ça ne se perd pas", souligne Isabelle Langé -, Caroline Garcia (31e) et Kristina Mladenovic (54e) peuvent profiter de l'euphorie parisienne pour réussir un coup d'éclat. 

Elles n'ont en tout cas rien à perdre, comme Virginie Razzano, descendue au 238e rang mondial. La joueuse de 32 ans avait fait tomber l'Américaine Serena Williams au premier tour en 2012, provoquant même une reprise en main sérieuse chez l'actuelle numéro 1 mondiale. Et elle reste sur une victoire intéressante sur l'Italienne Francesca Schiavone, lauréate de Roland-Garros en 2010. "Razzano, c'est mon autre coup de coeur, conclut Isabelle Langé. Elle a tellement galéré, eu de soucis personnels, qu'elle mériterait elle aussi de vivre encore de beaux moments".