"L'Équipe" au format tabloïd : les avis divergent

Si l'opération devait durer, ce serait une révolution dans le domaine de la presse française. Seul quotidien sportif papier dans l'Hexagone, l'historique journal L'Équipe a choisi la date symbolique du 10 juin, un an jour pour jour avant le coup d'envoi de l'Euro 2016 de football organisé en France, pour passer, le temps d'une journée, à un format plus petit. Autrement dit, au format "tabloïd", né en Angleterre dont les dimensions correspondent à la moitié de son format traditionnel.

À l'heure du numérique galopant, alors que la grande majorité des journaux de presse nationale ou régionale passent tour à tour à ce format plus petit, L'Équipe et ses "grandes pages" dénotent de plus en plus. Ses amateurs l'adorent mais nombreux critiquent régulièrement la difficulté à tourner les pages, à le lire dans les transports en commun ou sur une plage balayée par le vent. Forcément, ceux-là sont ravis de l'initiative.

Une évidence

Fabrice Abgrall, journaliste

Pour le journaliste sportif Fabrice Abgrall, comme pour nombre de ses confrères, c'est même une "évidence". Il "regrette déjà" que l'opération ne dure qu'une journée. A priori, car l'idée est bien de sonder les lecteurs pour, peut-être, changer définitivement à terme. Or, de nombreux avis étaient positifs en milieu d'après-midi.

Rendez-moi mon canard

Benjamin Bonneau, journaliste

Mais L'Équipe, c'est donc aussi une tradition qui se perpétue malgré les années qui passent et des lecteurs très attachés à "leur" journal, même quand les smartphones et autres tablettes pullulent, offrant un autre type de lecture. Lui aussi journaliste, Benjamin Bonneau dit "niet". "Rendez-moi mon canard", insiste-t-il, avec le mot-clef "#vieuxcon". L'encre sur les mains, l'odeur du papier, il ne souhaite visiblement pas s'en séparer.

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Enfin, pour le reporter Stéphane Jourdain, lire L'Équipe dans un format plus "magazine", c'est une incongruité. Comme porter des bottes pieds nus, avaler de l'alcool au petit-déjeuner, enlever une roue d'un vélo ou se lever à la tombée de la nuit. Certains le font. Mais cela va, selon la définition du Petit Larousse de 2010, "contre les règles du savoir-vivre, de la bienséance".