Le Classique d’Or RTL de ce mois de juin revient à Nikolaus Harnoncourt. Un album très émouvant puisqu’il s’agit du dernier enregistrement de l’immense chef, décédé en mars dernier. Il s'agit de la Missa Solemnis, la messe solennelle de Beethoven. Sur la pochette, Harnoncourt, de dos, les mains croisées, marchant sur un chemin de terre sous un ciel orageux. L’image est parlante. Cette Messe Solennelle a été enregistrée à l’été 2015, pendant le festival de Graz en Autriche, créé par le chef lui-même, dans cette ville où il est né et où il a grandi. Il y dirige le Concentus Musicus de Vienne, orchestre qu’il a fondé en 1953, et le chœur Arnold Schoenberg.
Nikolaus Harnoncourt a dirigé les plus grands orchestres et le fameux concert du Nouvel An à Vienne. Le violoncelliste de formation a commencé à diriger à 45 ans, en ayant assez de l’autoritarisme des chefs avec qui il jouait. Il trouvait qu’on n’allait jamais assez au fond des choses dans l’interprétation, et aimait surprendre. C’est ainsi qu’il s’est lancé dans une exploration du répertoire baroque qui n’avait pas du tout la cote dans les années 60/70.
C’était pour lui un passage obligé avant de pouvoir interpréter fidèlement des œuvres plus tardives, qu’elles soient classiques ou romantiques. Il a donc travaillé sur le son et l’utilisation des instruments anciens, qu’on entend dans cette Messe, cette messe colossale, dont Beethoven disait : "C’est ma meilleure œuvre, mon plus grand ouvrage". Nikolaus Harnoncourt l’a abordée tard, à presque 60 ans.
Beethoven a écrit peu d’œuvres sacrées et Le Gloria, l’un des temps forts de la Missa Solemnis. Il a travaillé 4 ans à celle-ci, l'a terminée en 1823, soit 4 ans avant de mourir, alors qu'il était déjà plongé dans une surdité profonde. C’est une pièce folle où le recueillement le plus profond côtoie une joie presque hystérique. En la jouant, il est facile de partir dans des sons très forts et mal maîtrisés. Nikolaus Harnoncourt lui, parvient à les harmoniser à merveille. Il les sculpte pour donner à l’œuvre un son léger, presque aérien, uniforme, mais dans le bon sens du terme, pour nous emmener au plus haut des cieux.
"Venue du cœur, puisse-t-elle aller au cœur", disait Nikolaus Harnoncourt de cette Missa Solemnis de Beethoven donnée lors de ces dernières performances publiques, 4 mois avant d’annoncer son retrait de la scène. Ce génial chef nous a quitté à 86 ans, le 5 mars. Ce dernier enregistrement est paru chez Sony, il est le Classique d’Or RTL de ce mois de juin.
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