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"Camille, mon envolée", le livre poignant de Sophie Daull
REPLAY - "Camille, mon envolée", de Sophie Daull, raconte la disparition de sa fille à 16 ans, une veille de Noël. Une résistance à l'insupportable dans lequel l'humour ne perd pas ses droits.
"Camille, mon envolée" de Sophie Daull est paru aux édition Philippe Rey
Crédit : Éditions Philippe Rey
C'est un livre bouleversant, Camille, mon envolée de Sophie Daull (aux éditions Philippe Rey). Un mausolée de papier érigé par l'auteure à sa fille de 16 ans morte en 4 jours, victime d'une infection foudroyante. Sous la forme d'une adresse directe à Camille, Sophie Daull lui raconte ces 4 jours terribles, l'agonie, la mort dans les bras de sa mère, l'autopsie, les funérailles, bref l'indicible pourtant mis en mots, admirables de sobriété, de sincérité et de courage.
Et comme une épreuve supplémentaire, Camille meurt à la veille de Noël. La double peine dit Sophie Daull avec un sens de la dérision que l'on retrouve dans le livre. Le sapin, les cadeaux, le réveillon sont prêts. Les amis sont là. La vie insiste jusqu'à l'absurde. "C'est ça qui est incroyable, c'est que votre enfant crève dans vos bras, explique l'écrivain. Deux jours après vous n'êtes rien. Vous n'êtes qu'une serpillière mal essorée de toutes les larmes qu'elle a imbibées et pourtant autour de vous, la vie continue en plus dans ce mouvement festif de Noël. Comment faire pour ne pas baigner la-dedans ?"
Je ne voulais pas ajouter de la haine au chagrin
Sophie Daull
Le jour d'après, c'est aussi celui des funérailles qu'il faut préparer, qui fourragent l'épouvantable douleur mais qui vous permettent aussi de rester debout puisqu'il le faut. "Même si l'idée qui nous a traversé l'esprit dans le quart d'heure qui a suivi la mort de Camille, c'était pas de cérémonie, rien. On va tous les trois son père, moi et sa tante porter le corps en terre et c'est tout. Et puis en fait non, c'est nécessaire."
L'autopsie révélera que Camille a été victime d'une bactérie, un méningocoque, on aurait pu la sauver avec de simples antibiotiques. "La violence contre le corps médical qui aurait pu déclencher des procès... Ce sont des sentiments qui m'auraient salie, qui m'auraient enlaidie. J'étais déjà suffisamment abîmée par la mort de Camille. Je ne voulais pas ajouter de la haine au chagrin."
On ne peut que s'incliner devant la dignité de Sophie Daull. Et son livre trouve une résonance particulière au lendemain des attentats de Paris qui ont endeuillé d'autres parents. "Il y a aussi des gens que ce choc a paralysés, littéralement, mis sous cloche ou mazoutés et qui sont englués dans un chagrin plein de désespoir. C'est aussi pourquoi partager ce livre peut avoir une valeur de rallumer quelque chose, de réactiver un goût de vivre ou en tout cas de se sentir moins seul."
